Comment les datacenters français ne vont pas s’adapter à la crise de l’énergie

Comment les datacenters français ne vont pas s'adapter à la crise de l'énergie


Si les menaces de délestage se multiplient à l’approche de l’hiver en France, les acteurs des centres de données, dont le métier consiste a assurer la continuité de service des services numériques, sont au premier rang des industriels énergivores. Ils sont qualifiés d’entreprises électro-intensives.

Dans le cadre du plan de sobriété énergétique, il est prévu de « limiter le recours à la climatisation dans les centres de données, si l’infrastructure le permet ». A noter le « si l’infrastructure le permet », qui laisse en définitive au bon vouloir de chacun la possibilité d’appliquer des mesures ou pas.

« Un passage de 21 à 23 degrés est susceptible de diminuer la consommation d’énergie de l’ordre de 7 à 10 % », précise par ailleurs France Datacenter. Ce qui ne mange pas de pain.

« Nous sommes à 24 degrés, avec un 28 en maximum contractuel »

« Nous constatons une évolution du design sur la température en salle, selon les préconisations de l’Ashrae » indiquait en 2019 Marie Chabanon, de DATA4, à propos des effets des canicules sur les datacenters. « L’idée est de fonctionner avec des plages de températures bien plus hautes. Nous sommes passés de plages de 20 à 22 degrés à 18 à 27 degrés. Donc nous sommes à 24 degrés, avec un 28 en maximum contractuel. »

Alors, pourquoi ces discours de façade ? « Alors même que la consommation de données a été multipliée par cinq en dix ans, les consommations énergétiques des centres de données n’ont augmenté parallèlement que de 6 % », indique France Datacenter. Comprenez que les adhérents assurent déjà faire leur part en matière de sobriété. « De même, le Power Usage Effectiveness des nouveaux datacenters a drastiquement chuté et avoisine maintenant les 1,3 », complète France Datacenter.

Par ailleurs, la part des datacenters dans l’énergie consommée pour le secteur du numérique n’est que de 15 %, pour 20 % côté usage réseau et 30 % pour les appareils numériques (rapport Green IT 2019).

Au final, les acteurs des datacenters ne sont pas les plus énergivores, et ont déjà optimisé considérablement leurs équipements. Reste la question de l’augmentation des coûts de l’énergie. Et là, l’association s’en remet aux pouvoir publics.

Des hausses de coût qui pourraient coûter cher aux clients

« Le prix de l’électron est plus que jamais volatil, avec un niveau de 500 euros le mégawattheure (une multiplication par dix par rapport à 2021) et qui pourrait atteindre 1 000 euros dans les mois à venir », détaille France Datacenter, qui précise : « La charge que représente l’énergie dans leurs coûts de fonctionnement, actuellement d’environ 30 %, menace de passer à 50 % – soit un poids difficilement soutenable sur le plan économique à court terme. »

Et de menacer. « Des décisions d’investissement risquent d’être reportées ou effectuées dans d’autres pays où l’énergie est moins chère, mais malheureusement plus carbonée », mentionne France Datacenter.

Alors quelle est la solution prônée par France Datacenter ? « Ces hausses de coûts sont aujourd’hui telles que si rien n’est fait, elles seront répercutées aux clients des datacenters de façon conséquente », dit l’association.

L’association propose également que les pouvoirs publics prennent « des mesures plus fortes pour contenir l’explosion des prix, en instaurant un bouclier tarifaire sur l’électricité pour toutes les entreprises et en augmentant le volume de l’Arenh (Accès régulé à l’électricité nucléaire historique) au-delà de son plafond actuel pour l’année 2023, en cohérence avec des prix qui ont décuplé ».

A noter que ce plafond, de 120 térawattheures pour 2022, n’était que de 100 térawattheures jusqu’alors. Des demandes à mettre en résonance avec la crise de production qui touche le parc nucléaire français en ce moment.





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