Avouons-le, à la lecture de la fiche technique des nouveaux smartphones Pixel, nous n’avons pas été bouleversés. Google nous semblait avoir appliqué une mise à jour un peu trop timide à ses deux smartphones, qui se contentent il est vrai de modestes améliorations matérielles par rapport à la génération précédente.
Mais comme notre test du Pixel 7 Pro l’a montré, l’essentiel était ailleurs : Google est parvenu avec son modèle haut de gamme à parfaire une formule qu’il concocte depuis déjà des années : un savant mélange entre matériel éprouvé, OS rapide et efficace et trouvailles logicielles uniques sur le marché.
Le Pixel 7 a beaucoup en commun avec son grand frère. Il partage notamment la même puce Tensor G2, le nouveau processeur « maison » de Google. Une puce à l’architecture exotique, très similaire à celle de son prédécesseur. « Exotique » car le géant américain a fait des choix de design bien à lui, notamment en choisissant d’intégrer deux puissants cœurs Cortex X1 – les Snapdragon 8, de Qualcomm, se contentent d’un seul cœur de ce genre – dans son CPU. Ils sont associés à deux cœurs Cortex A78 et quatre cœurs Cortex A55 pour les tâches les moins intensives.
Une copie finalement très proche de celle de l’année dernière du point de vue du processeur central. En revanche, Google a eu le bon goût de moderniser le circuit graphique (un ARM Mali G78) et surtout son TPU, le module « fait maison » chargé des calculs liés à l’intelligence artificielle. Et comme on va le voir, ça se sent à l’utilisation.
Le Pixel 7 est aussi très similaire au Pro du point de vue du design. Il gagne en élégance par rapport à la génération précédente, notamment en assumant pleinement la barre qui le traverse et qui abrite les modules photo. Celle-ci est désormais en alu et sertie plus harmonieusement dans le boitier, protégé à l’avant comme à l’arrière par du Gorilla Glass Victus. Que l’on aime ou non ce choix esthétique, il a au moins le mérite de distinguer le Pixel 7 de concurrents au dos la plupart du temps très semblables.
Un très bel écran
Le Pixel 7 n’apporte pas grand-chose de neuf par rapport à son ancêtre du point de vue de la dalle… Mais ce n’est pas bien grave, car elle est excellente. Avec une diagonale de 6,3 pouces, elle est de taille idéale : suffisamment grande pour une lecture confortable, mais pas trop non plus, ce qui permet de manipuler confortablement le smartphone d’une main.
Et nos mesures le montrent, malgré des spécifications techniques qui ressemblent beaucoup à celles du Pixel 6 (même technologie Oled, même définition, même rafraîchissement 90 Hz), elle a bel et bien été améliorée. Elle offre notamment une luminosité exceptionnelle de 1052 cd/m2, un chiffre qui place tout simplement ce terminal parmi les meilleurs smartphones du marché, aux côtés des iPhone 14 Pro, excusez du peu.
Inutile de dire que dans sa gamme de prix, le Pixel 7 n’a pas de concurrent, et qu’avec un tel score, vous n’aurez aucun mal à consulter votre écran, y compris dans des conditions lumineuses extrêmes. Le Delta E 2000, mesuré par nos soins à 2,93, est lui aussi très bon, et vous assure une colorimétrie respectée.
Performances : difficile de le prendre à défaut
Soumis aux mêmes benchmarks synthétiques que tous les smartphones qui passent par notre labo, le Pixel 7 et sa puce Tensor G2 n’offrent pas, a priori, de performances exceptionnelles. Comme on peut le constater dans les tableaux ci-dessous, qui comparent le Pixel 7 à plusieurs smartphones peu ou prou au même prix, on constate que le terminal de Google est la plupart du temps battu -certes d’un cheveu – par ses concurrents, qui ont pourtant des SoC plus anciens. Le Motorola Edge 30 Fusion embarque par exemple un Snapdragon 888, une puce qui a déjà deux ans, mais qui demeure globalement plus performante selon AnTuTu ou Geekbench.
Mais on remarque aussi une nette progression dans les performances globales par rapport au Tensor G1, que l’on doit donc clairement à la présence de cœurs plus performants, d’un GPU amélioré… Mais aussi à la « sauce secrète » de Google, son TPU, dont les détails techniques sont jalousement gardés secrets.
On remarque par ailleurs que dans nos divers tests 3D, le Pixel 7 s’en tire avec les honneurs en coiffant au poteau la plupart de ses adversaires… mis à part l’iPhone SE (2022), toujours exceptionnel de ce point de vue.
Mieux vaut donc le préciser à ce point : les chiffres présentés ici ne doivent pas vous induire en erreur. Oui, comme l’année dernière, il est clair que Tensor n’est pas le seigneur du « bench ». Mais à l’utilisation, le Pixel 7 n’a strictement rien à envier à ses rivaux. Bien au contraire. Il s’agit même d’un des smartphones les plus rapides et agréables à utiliser que nous ayons eu entre les mains récemment. Android 13 est ici d’une fluidité sans faille, les applications s’ouvrent en un clin d’œil, et les jeux les plus gourmands ne lui font absolument pas peur. Et il fait cela sans chauffer, et sans que sa batterie fonde rapidement, comme on le verra plus bas.
Impressionnant, et d’autant plus agréable que Google a corrigé les menus défauts du modèle précédent, à commencer par un capteur d’empreinte sous l’écran lent et capricieux, qui rechignait souvent à nous authentifier du premier coup. Le problème a non seulement ici disparu, mais Google a, en plus, ajouté l’authentification par reconnaissance faciale. Elle fonctionne aussi à la perfection… sauf de nuit, car le smartphone utilise pour cela la caméra en façade, et pas un capteur de profondeur comme l’iPhone (ou le Pixel 4). Dommage.
Photo : à deux doigts de la perfection
Google s’est fait un nom sur le marché grâce aux performances photo de ses smartphones dopés aux algorithmes d’IA. Il aurait été étonnant que le Pixel 7 ne poursuive pas ce chemin. Et sans surprise, la copie est excellente.
Rappelons d’abord les forces et faiblesses techniques de cet appareil photo. A l’arrière, on trouve deux modules, et une copie quasi-identique à celle du Pixel 6. Soit un module principal (grand angle) avec un capteur de 50 Mpix et un ultra grand-angle de 12 Mpix. En revanche, il fait l’impasse sur le téléobjectif du Pixel 7 Pro, ce qui est logique, à vrai dire, et justifie en partie son prix beaucoup plus raisonnable. On regrette en revanche qu’il soit privé d’autofocus sur le module ultra grand-angle, qui offre au Pixel 7 Pro une fonction macro efficace, inexistante ici. A l’avant, pour les selfies, une copie légèrement améliorée, avec un capteur de 10.8 Mpix, contre 8 Mpix auparavant. Mais, soyons francs, nous n’avons constaté aucune différence notable entre les deux générations. Et le Pixel 7 sert des égoportraits excellents.
Quid des clichés réalisés avec l’appareil photo arrière ? C’est bien simple : à 649 euros, le Pixel 7 n’a aucun concurrent sérieux, tant les résultats sont exceptionnels, et dignes, voire meilleurs, que des téléphones bien plus onéreux.
De jour, les résultats sont excellents, mais c’est maintenant chose courante sur la plupart des smartphones, y compris de milieu de gamme. Avec le module grand angle, il est extrêmement rare de prendre le Pixel 7 à défaut. Nos photos de mire comme nos clichés de test le montrent : Les photos sont riches en détails et en couleurs, offrent surtout une plage dynamique excellente, quelles que soient les conditions de prise de vue. En pleine lumière, c’est un festival. On apprécie beaucoup les couleurs et l’aspect un peu « chaud » des clichés, certes parfois un peu moins naturels que ceux réalisés – au hasard ! – avec un iPhone, mais aussi beaucoup plus flatteurs.
Mais le Pixel 7 sait aussi parfaitement composer avec les situations lumineuses plus compliquées : il sait offrir, toujours grâce à une plage dynamique excellente, un certain relief aux paysages nuageux, aux ciels couverts, souvent peu propices aux belles photos.
Mais c’est vraiment quand la lumière vient à manquer et de nuit que la magie du Pixel opère vraiment, et où il devient intouchable pour un smartphone à ce prix. Dans la pénombre, son mode « vision de nuit » fait des miracles, en produisant des clichés nets et colorés, sans (trop) de bruit numérique. C’est aussi ici que l’on remarque le mieux l’apport de la puce Tensor G2 : le Pixel 7 réalise ses clichés bien plus rapidement que les terminaux de la génération précédente, ce qui apporte plus de confort, et moins de risque de flou de bougé.
Seul point regrettable : l’absence de zoom, qui est évidemment réservé au Pixel 7 Pro. Il faudra donc se contenter d’un x2, qui est un simple recadrage effectué dans le capteur grand-angle. On peut certes aller plus loin en numérique (jusqu’à x8) mais le résultat est, comme vous pouvez le constater sur nos clichés du Mont-Saint-Michel, assez décevant. On a presque l’impression de faire façe à une toile impressionniste ! Non, clairement, mieux vaut éviter le zoom numérique.
On se rabat donc sur l’ultra grand-angle. Son capteur est moins défini (12 Mpix) et malgré les algorithmes de correction de Google, on subit non seulement une perte de détails sur les côtés de l’image mais aussi quelques déformations géométriques. Mais dans l’ensemble, il fait le job… surtout de jour. De nuit, c’est moins satisfaisant, avec une nette perte de détails.
Autonomie et charge : il y a du mieux !
On termine ce test par un point essentiel : la durée de vie de la batterie. Et là encore, le Pixel 7 surprend. Certes, il est dépassé par certains terminaux Android bien plus chers. Mais dans sa catégorie de prix, il se débrouille plutôt bien. Avec 14h43 d’autonomie polyvalente mesurée par le 01Lab, le Pixel est légèrement moins bon que la moyenne des smartphones de 600 à 1 000 euros que nous avons testés ces derniers mois. Il se rattrape toutefois en autonomie vidéo, avec 15h08 au compteur.
Dans les faits et d’après notre expérience avec le produit, vous pourrez toutefois tenir plus d’une journée sans charge si vous avez une utilisation modérée, et aux alentours d’une longue journée si vos usages sont plus intensifs, notamment si vous jouez. Nous constatons toutefois une énorme progression par rapport aux terminaux de l’année dernière.
Il y a en revanche un point sur lequel la nouvelle génération de Pixel progresse trop peu : la charge. Entendons-nous, il n’y a rien de catastrophique. Le Pixel 7 met, selon nos mesures, 1h36 pour passer de 0 à 100 % de batterie, et 32 minutes pour atteindre les 50 %. Un léger progrès par rapport à l’année dernière, mais bien loin des meilleurs scores. Par comparaison, un Oppo Reno 8 se recharge complètement en 34 minutes seulement !
Logiciel : une copie parfaite, sauf sur un point
Lancé avec Android 13 à bord, le Pixel 7 offre sans doute l’une des meilleures expériences sur l’OS de Google. D’abord parce que l’interface est sobre, pratique, intuitive. Mais surtout, elle est d’une fluidité sans faille : le smartphone répond toujours au doigt et à l’œil, quelles que soient les circonstances. Un vrai plaisir au quotidien.
En revanche, il y a peu de nouveautés software à se mettre sous la dent sur cette génération. On doit se contenter de quelques fonctions pour certaines dispensables, pour d’autres innovantes, mais qui ne vous serviront clairement pas tous les jours. A l’image de la fonction de suppression de flou des clichés, intégrée à Google Photos. D’autres nous paraissent un peu tirées par les cheveux, comme la détection des ronflements ajoutée au mode coucher, censée permettre de jauger la qualité de votre sommeil. On n’a pas été forcément convaincus. On a en revanche hâte d’essayer le VPN de Google, gratuit pour tout achat d’un Pixel. Malheureusement, cette fonction n’a pas encore été activée à l’heure où nous écrivons ces lignes.
Le vrai problème du Pixel 7 du point de vue logiciel réside surtout dans la durée du support. Certes, Google assure cinq ans de mises à jour de sécurité… Mais se contente de trois ans seulement de mises à jour d’Android. C’est peu, trop peu : Apple atteint les six, voire sept ans de support. Samsung assure désormais quatre mises à jour majeures sur ses propres appareils. Il y a là clairement une marge de progression pour les Pixel.