Les réseaux télécoms et internet russes dans la tourmente dès 2023

Les réseaux télécoms et internet russes dans la tourmente dès 2023


Le départ d’Ericsson et Nokia au 31 décembre prochain marquera la fin de l’approvisionnement en pièces de recharge et mises à jour logicielles pour les réseaux russes. Et pour les réseaux 5G de dernière génération, la dépendance de la Russie face à Huawei et la Chine sera totale.

Les sanctions occidentales à l’encontre de la Russie vont avoir un impact très significatif sur les infrastructures télécom. Car le 31 décembre qui vient marquera la fin de la période de grâce pour Ericsson et Nokia qui quitteront définitivement le pays et n’auront plus le droit de faire commerce avec la Russie du fait de son invasion de l’Ukraine. « Notre sortie (du marché russe, ndr) sera totale. Nous ne livrerons plus rien à la Russie », a ainsi déclaré le PDG de Nokia Pekka Lundmark. Un petit séisme, car avec 102 millions de détenteurs de smartphones, la Russie est le 6e pays le plus équipé au monde. Plus de cent millions de personnes qui génère et font circuler des monceaux de données.

Selon plusieurs responsables interrogés par Reuters, le départ des européens (qui représentent 50% du marché des télécoms en Russie) va toucher la vie des citoyens russes. La détérioration naturelle du réseau va entraîner réductions de vitesse de transfert, des sauts voire des impossibilité de connexion. La faute à l’usure des équipements, qui doivent encaisser de larges écarts de température dans ce vaste pays où les hivers sont rigoureux. Ainsi qu’à l’impossibilité pour les opérateurs télécom locaux de commander de nouvelles pièces et nouveaux équipements. Ni de profiter des mises à jour logicielles de plus en plus critiques dans les réseaux modernes.

Une industrie locale existante, mais déjà bien en retard

Avec des entreprises comme Yadro, la Russie a des acteurs locaux capables de prendre le relai sur certains équipements 4G. Mais en matière de 5G, c’est le quasi désert. © Yadro

Dans un premier temps, les opérateurs télécom vont devoir adapter leurs réseaux. C’est-à-dire réduire les débits au fur et à mesure que les équipements deviennent non réparables. Cela va se faire au détriment de la qualité de réception et aux vitesses de transfert des données. Avec la crainte, selon des publications russes, que le réseau russe « revienne à l’état des années 90 », où seuls les grandes agglomérations étaient correctement couvertes par les réseaux cellulaires.

Lire aussi : La Russie n’a plus d’options pour faire produire ses processeurs (déc. 2022)

Dans le domaine des radiofréquences, la Russie a désormais des acteurs locaux. Encouragés par de larges aides de l’état, elles auraient déjà 25,2% de part de marché. Si le retard est moins prégnant que celui que le pays a pris dans les semi-conducteurs, il n’empêche cependant que les équipements russes sont médiocres dans le domaine de la 4G. Et les acteurs locaux n’ont rien sous la main en matière de 5G. Des accords ont bien été signés en novembre 2021 entre Nokia et le constructeur local Yadro pour la constitution d’une usine de stations de base 5G. Mais la Russie a envahi l’Ukraine trois mois plus tard, mettant ainsi fin au projet. Un pays non occidental pourrait venir à la rescousse de la Russie pour ses soucis télécom, mais cela aura des conséquences de souveraineté…

La Chine, grande gagnante

Si la Russie ne peut pas produire d’équipement 5G, c’est qu’elle n’a rien développé dans le domaine. L’écrasante majorité des brevets des équipements télécom sont dans les mains des Européens (Ericsson et Nokia) et des Chinois (Huawei et ZTE) – même les Américains dépendent en grande majorité de ces acteurs. Privée des équipementiers occidentaux, la Russie n’aurait donc d’autres choix que de se tourner vers la Chine. Qui a tous les équipements 4G et 5G disponibles avec ses champions. Et contrairement aux puces souveraines Loongson, qu’elle préfère garder pour elle, il s’agit ici d’équipements publics sur étagère, sans risque stratégiques pour la Chine… mais un peu plus pour la Russie.

Car non seulement pour colmater l’existant, mais aussi développer ses infrastructures sur le réseau de nouvelle génération, la Russie va se retrouver avec une seule source d’équipement. Un pays « partenaire » dont elle va dépendre totalement, une pratique contraire aux besoins de redondance. Et qui représente un risque naturel pour n’importe quel pays, et encore plus pour une grande puissance comme la Russie. Mais elle n’a pas le choix : à moins de développer le plus rapidement possible une chaîne de conception et de fabrication d’équipements 5G, elle prendrait le risque d’un décrochage majeur. Chose qui ne peut se concevoir à la lumière de ce qu’elle a déjà fait dans les semiconducteurs.

Source :

Reuters



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