Jusqu’à présent, les ventes de catalogues musicaux à prix pharaoniques (plusieurs centaines de millions de dollars, soit presque autant d’euros) concernaient surtout les stars en toute fin de carrière, comme Bob Dylan, Neil Young, Sting, David Crosby, Paul Simon, la chanteuse du groupe Fleetwood Mac Stevie Nicks, voire les héritiers de David Bowie ou de Leonard Cohen.
Parfois un chanteur quasiment quinquagénaire comme Pharrell Williams, né en 1973 ou exceptionnellement Taylor Swift, née en 1989. Selon le Wall Street Journal du 21 décembre le Canadien Justin Bieber, âgé de 28 ans, serait sur le point de céder pour 200 millions de dollars (188,5 millions d’euros) l’ensemble de ses catalogues musicaux (enregistrements et édition musicale, c’est-à-dire les droits d’auteur) à Hipgnosis Songs Capital, détenu majoritairement par le fonds d’investissement américain Blackstone (mais qui est séparé de la société cotée à Londres Hipgnosis Songs Fund).
Justin Bieber a sorti six albums, dont le plus récent, Justice, chez Universal Music, en mars 2021. Son premier album, My World (2009), qu’il avait interprété à 15 ans, lui a donné une visibilité mondiale. Il est devenu le plus jeune artiste à obtenir sept chansons d’un même album dans le classement des cent titres mondiaux les plus écoutés de Billboard.
« Croissance continue dans un environnement difficile »
Pour Hipgnosis, cette transaction devrait suivre de sept mois celle conclue avec la star de la pop quadragénaire, l’Américain Justin Timberlake, né en 1981, qui avait cédé ses droits pour 100 millions de dollars. Depuis le début de l’année, Hipgnosis a également acquis, pour un montant encore tenu secret, 278 chansons dont le mythique Hallelujah, de Leonard Cohen (1934-2016), ainsi que 80 % du catalogue du chanteur de country Kenny Chesney.
Le fonds Hipgnosis Songs Capital a été lancé en 2021 en bénéficiant d’un engagement initial de Blackstone d’environ 1 milliard de dollars. L’incroyable engouement pour ces nouveaux actifs – au moins 5 milliards de dollars ont été dépensés en droits d’auteur musicaux en 2021 –, se poursuit, mais pourrait s’avérer plus ardu.
Merck Mercuriadis, PDG et fondateur du groupe de sociétés Hipgnosis, s’est félicité de « la croissance continue [du groupe] dans un environnement difficile ».
Emballement mondial pour le streaming musical
L’emballement mondial pour le streaming musical constitue pour lui un atout évident. Mais le PDG a aussi « partagé la déception des actionnaires », dans la mesure où « la vraie valeur de [leurs] chansons emblématiques n’est pas reflété dans le cours de l’action d’aujourd’hui ». Ce qui s’explique, selon lui, par le fait que les enregistrements « sont une nouvelle classe d’actifs ». Il a voulu rassurer les investisseurs inquiets de cette décote du portefeuille de plus de 65 000 chansons.
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