Alors qu’il y a encore un an, une Switch Pro (ou 4K) semblait pouvoir être lancée prochainement, le projet serait enterré chez Nintendo. Le géant japonais banderait ses muscles pour le grand saut qui l’attend, après un tel succès.
Noël est passé, et si vous avez un peu suivi l’actualité, vous avez dû constater qu’il n’y a pas eu de nouvelle Switch à glisser sous votre sapin. Depuis le lancement en octobre 2021 de la Switch OLED, très agréable mise à jour de la console hybride de Nintendo, Big N sort des jeux et continuent à donner vie à ses Switch (classique, Lite et OLED, donc), mais le front du hardware reste désespérément… dégarni.
Pas de Switch Pro
Au point, d’ailleurs, que ceux qui espéraient voir arriver une Switch Pro ou 4K commencent à se poser de sérieuses questions. Plus la peine d’attendre, apparemment. À en croire le dernier podcast hebdomadaire de Digital Foundry, Nintendo a abandonné l’idée d’une Switch Pro, après s’y être effectivement attelée pendant un certain temps. Le média spécialisé dans le jeu et l’analyse matérielle indique que, d’après plusieurs sources parmi des développeurs, une mise à jour matérielle de milieu de cycle pour la Switch a bel et bien été envisagée avant d’être finalement abandonnée.
Il est fort possible que ce projet ait été mis de côté au cours de la dernière année, peut-être un peu avant, puisque les dernières rumeurs et/ou fuites le concernant remonte à environ un an.
Selon le très respecté John Linneman, de Digital Foundry, une des raisons de cet abandon pourrait être que Nintendo s’inquiète d’une autre transition générationnelle ratée. Le GameCube, aussi séduisant qu’il ait été, n’a pas rencontré le destin attendu. La Wii, elle, a ensuite rencontré un succès colossal, avant un nouveau raté, avec la Wii U, qui ne s’est écoulé qu’à environ 13 millions d’unités dans le monde… Puis le succès est revenu avec la Switch, qui, d’une certaine manière, est un Wii U Gamepad de deuxième génération qui aurait ingéré la console pour être indépendant…
Une configuration très datée
Lancée en mars 2017, la Switch originelle s’approche de sa fin de carrière. Écoulée à presque 120 millions d’unités depuis ses débuts, la console continue à assurer de bonnes ventes qui commencent malgré tout à décroître.
Il faut dire que sa puce Tegra X1 Custom pouvait encore faire illusion à ses débuts, mais montre clairement ses limites dans un marché où toutes les autres consoles flirtent avec la 4K, et où les smartphones s’apprêtent à rentrer à leur tour dans l’ère du ray tracing.
Alors, on peut dire sans trop prendre de risque que le successeur de la Switch sera bien plus puissant, au moins deux fois, si on jette un œil aux différentes puces que produit Nvidia. Ce qui est intéressant, car cela permettrait, en théorie tout au moins, de garantir une certaine rétrocompatibilité entre la Switch et l’étape d’après, qu’on n’appellera pas Switch U, pour ne pas lui porter la poisse. Mais comme le rappelle l’équipe de Digital Foundry, entre un peu plus de puissance et davantage d’autonomie, Nintendo choisira toujours la seconde option.
Pour l’après…
Et cette remarque des experts de Digital Foundry est intéressante à plus d’un titre, notamment parce qu’elle part du principe que le remplaçant de la Switch sera forcément portable… On ne saurait donner tort à cet a priori, mais on aime à penser que Nintendo a des idées très originales en tête, qui pourraient prendre nos attentes à contre-pied.
La question de l’après est donc essentielle, et la réponse que Nintendo devra apporter n’est pas simple.
On imagine en effet mal Big N revenir à une console classique, et non plus hybride. Le concept de 3-en-1 (salon, écran partagé mobile, et portable) est assurément en grande partie responsable du succès de la console – et aussi de la tolérance des joueurs face à des graphismes pas toujours au top. Voilà qui explique peut-être pourquoi le géant nippon s’accorde du temps. La prochaine console de Nintendo devrait sortir en 2024, pas avant, croient savoir les membres de Global Foundry.
Le géant japonais du jeu vidéo va devoir trouver sa voie, trouver là où placer le curseur, même si on l’imagine mal se lancer dans la course à la puissance. Mais il a toujours su expérimenter et surprendre à défaut de toujours séduire.
En définitive, ces dernières décennies, secoués et détrônés, Nintendo est le seul à avoir pris certains risques, celui de s’éloigner de l’expérience classique de la console de salon, celui de creuser le sillon de la console portable dans un monde où le jeu sur smartphone grignote chaque instant libre.
En espérant que Big N ait encore en lui cette force, laissons la parole à Satoru Iwata, et permettons-nous de citer un des entretiens qu’il a accordé à la « rédaction » de Hobonichi, des propos qui ont ensuite été regroupés dans Ainsi parlait Iwata-San, aux éditions Mana Books. Un livre édifiant, plein d’enthousiasme et de passion. Satoru Iwata, donc, revenait sur la conception et la décision de fabriquer la Nintendo DS malgré des réactions pas toujours positives : « Nous avons pris cette décision, car, de notre point de vue, Nintendo n’avait pas d’avenir si nous continuions sans rien changer, mais une partie du public a dû croire que nous avions perdu la boule. »
L’avenir serait donc dans la réinvention permanente, des « choix lourds de conséquences », qui peuvent revenir à trahir les attentes des utilisateurs, parfois. Mais trahir les attentes, c’est aussi quelquefois les dépasser pour finalement trouver le succès. Dans un monde vidéoludique normé du point de vue matériel, le succès… c’est tout ce qu’on souhaite au successeur (lointain) de la Switch.
Source :
Digital Foundry, sur YouTube