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En décembre dernier, avec quelques mois de retard sur un planning peut-être un peu trop optimiste, l’Arcep donnait enfin son aval au déploiement du Wi-Fi 6E en France. Dès lors, et après le CES début janvier, il était évident que les fabricants de routeurs allaient entrer dans la danse et lancer sur le marché leurs premiers appareils compatibles avec ce nouveau standard sans-fil.
Commencer par le sommet
Ainsi, Netgear a lancé son premier routeur maillé Orbi compatible avec le nouveau standard Wi-Fi, l’Orbi RBKE960 – 962 avec deux routeurs, ou 963 avec trois routeurs. Comme à son habitude, la société américaine abat sa carte la plus puissante et la plus performante. Elle ouvre le bal avec son haut de gamme, afin de mettre tout le monde d’accord.
Corollaire direct de cette démonstration de force, un prix à couper le souffle. Les Orbi Wi-Fi 6E, que nous avons pu tester avec trois modules, un routeur principal et deux satellites – la référence est donc RBKE963 – coûtent pas moins de… 1 700 euros. Oui, la somme est considérable, astronomique même. Nous y reviendrons.
A un tel prix, le moins qu’on puisse dire, c’est que ces nouveaux routeurs sont ceux de presque tous les superlatifs. Leur prix vous a semblé démesuré, leur taille ne vous laissera pas de glace.
Chaque module ne mesure pas moins de 28 cm de haut, pour 19 cm de large et 8,3 cm d’épaisseur. Vous vous demandez combien pèsent ces beaux bébés ? 1,4 Kg, pièce. C’est encore plus grand et lourd que les Orbi RBK850, les routeurs Wi-Fi 6, que nous avons testés et qui s’étaient imposés comme les meilleurs routeurs de leur génération. Pour mémoire, ces routeurs ne mesuraient que 25,4 cm de haut, pour 19,05 de large et 7,1 cm d’épaisseur, le tout pour 1,29 kg.
Ce gain en taille s’explique, en partie, par une augmentation du nombre d’antennes embarquées. On en compte désormais 12, contre huit précédemment. Évidemment, ces antennes ne viennent pas seules, elles s’accompagnent d’autant d’amplificateurs puissants, qui vont produire de la chaleur, et consommer davantage d’électricité. Point qui explique que les adaptateurs secteurs livrés affichent un 19 V / 3,16 A (un peu plus de 60 W, donc), contre 12 V / 3,5 A (42 W) auparavant.
Ces nombreuses antennes sont là aussi pour assurer des débits impressionnants – près de 11 Gbits/s en bande passante cumulée. Ces performances sont l’agrégation de trois vraies bandes – la principale nouveauté du Wi-Fi 6E. On compte en effet sur les deux bandes de fréquences habituelles : 2,4 et 5 GHz, auxquelles vient s’ajouter une bande totalement vierge, le 6 GHz.
Les débits théoriques sont ainsi répartis comme suit : 1 147 Mbit/s en 2,4 GHz, deux champs de fréquences en 5 GHz, qui fournissent chacun 2 402 Mbit/s, et, enfin, les 6 GHz, qui offrent en théorie une bande passante de 4 804 Mbit/s.
Attention toutefois, en France, et dans toute la zone 1, telle que définie par l’Union Internationale des Télécommunications, la bande passante allouée aux 6 GHz est moitié moins importante que dans la zone 2 où se trouvent les États-Unis, par exemple. Il faudra attendre la fin de l’année prochaine, au plus tôt, pour savoir si nous pourrons bénéficier de la même quantité de canaux, et donc des mêmes débits que nos cousins d’Amérique.
Pour l’heure, on peut estimer que les débits proposés en France par cet Orbi RBK963 sont de 1 147 + 2 402 + 2 402 + 2 402 Mbit/s, soit environ 8,4 Gbit/s de débits cumulés.
L’arrivée de la bande des 6 GHz, même amoindrie par rapport à ses performances optimales, permet d’offrir en tout quatre plages de fréquences à l’utilisateur, dont une est totalement vierge d’interférence, puisque les réseaux Wi-Fi 6 GHz sont encore peu nombreux. Netgear parle donc de routeurs quadribandes.
Il est par ailleurs important de préciser deux choses. D’une part, il faut avoir un smartphone ou un PC compatible avec le Wi-Fi 6E, pour profiter de cette nouvelle bande. D’autre part, fort logiquement, les 6 GHz assurent de meilleurs débits, mais souffrent d’une plus courte portée.
Enfin, pour en finir avec la présentation des routeurs, il est important de noter que Netgear n’a pas fait les choses à moitié. Sur le routeur principal, distinct de ses satellites par sa connectique filaire, on trouve ainsi trois ports Gigabit Ethernet, qui seront utiles, mais sont assez classiques, un port Ethernet 2,5 Gigabit, et enfin, un port 10 Gbit/s – les satellites n’ont pas droit à ce dernier port ultra rapide, logique. Les ports 2,5 Gigabit ont commencé à faire leur apparition régulièrement sur les routeurs haut de gamme Wi-Fi 6, mais avec l’extension du standard sans-fil, on devrait voir arriver des ports plus rapides encore.
En quoi est-ce important ? Tout simplement parce que les connexions très haut débit auxquelles sont destinées ses routeurs – n’achetez pas ces Orbi si votre connexion ADSL peine à 512 Kbit/s ! – dépassent maintenant le cap du Gigabit entrant. Or, si on souhaite pouvoir profiter d’une connexion à 5 Gbit/s théoriques, il faut bien que la box et le routeur qui y est connecté possèdent un port supérieur au classique Gigabit Ethernet. En l’occurrence, vous êtes servis, il est même possible d’agréger les flux de deux connexions entrantes en 10 et 2,5 Gbit/s, si cela vous tente…
Les débits, stars du moment
Quoi qu’il en soit, ne faisons pas durer le suspense et passons directement à la question des débits. Pour avoir une comparaison la plus fidèle possible des performances de ces nouveaux routeurs premium, proposés par Netgear, nous les avons comparés à la star de la génération Wi-Fi 6, les Orbi RBK852.
Afin que les résultats soient les plus justes possibles, nous avons réalisé trois séries de mesures, à trois moments différents de la journée, différents jours. Nous avons réalisé les relevés de débit (test de bande passante vers le Net, vers un serveur iPerf3 externe et vers un serveur iPerf3 local), avec les deux générations de routeurs à quelques minutes d’intervalle. Puis, nous avons établi une moyenne des débits relevés à chaque point de mesures. Ces derniers sont situés entre 0 et 5 mètres, entre 5 et 10 mètres, entre 10 et 15 mètres et, enfin, à plus de 15 mètres du premier routeur.
Rappelons enfin que nos tests sont réalisés dans un appartement parisien tout en longueur, d’un peu plus de 100 mètres carrés, barrés de murs porteurs épais et peu enclins à laisser passer les ondes, Wi-Fi ou 4G/5G. Comme tout appartement urbain, il est également entouré d’une nuée de réseaux voisins, qui sont autant de parasites potentiels sur les fréquences classiques du Wi-Fi. Bref, cet environnement a tout de l’Enfer, version Wi-Fi.
Nous avons réalisé nos mesures avec deux appareils, compatibles Wi-Fi 6E. Si on en trouve de plus en plus, ils ne sont évidemment pas encore majoritaires. Nous avons donc opté pour un PC portable MSI Creator, doté d’un module Wi-Fi 6E, Intel AX210, et un smartphone Samsung Galaxy S22+.
Pour la première fois dans l’histoire de nos tests Wi-Fi, nous avons enregistré des débits sans-fil supérieurs au Gigabit par seconde. Et pas qu’un peu ! Les débits les plus rapides que nous ayons relevés, à courte distance, évidemment, entre 0 et 5 mètres du routeur principal, dépassaient les 1,7 Gbit/s ! C’est astronomique, et cela montre bien tout l’intérêt de la connexion 6 GHz.
Dans les mêmes conditions, à quelques minutes près, les Orbi RBK 852 Wi-Fi 6 offraient des excellents débits, eux aussi, mais de seulement 735 Mbit/s. Environ un gigabit par seconde de moins…
Evidemment quand on s’éloigne du premier routeur, les débits vont être revus à la baisse mais ils sont toujours à la fois largement supérieurs aux Orbi Wi-Fi 6 haut de gamme, et fournissent largement de quoi assurer simultanément des téléchargements de jeux sur Steam, par exemple, du streaming 4K sur une Apple TV, une tablette, sans oublier un peu de surf en tâche de fonds. Avec un tel monstre, il y a de fortes chances que la limite de votre expérience connectée soit votre connexion entrante.
Le Wi-Fi 6E prolonge les efforts et tire parti des acquis du Wi-Fi 6, en ajoutant une troisième bande de fréquences. Voilà qui explique ces débits descendants, même si le 6 GHz a évidemment des limites, notamment en matière de portée.
Si l’infographie ci-dessus ne s’affiche pas, cliquez ici.
C’est pourquoi le gain est évidemment le plus notable à courte distance. L’Orbi RBKE962 assure néanmoins une meilleure performance entre cinq et dix mètres, qui est traditionnellement, dans notre environnement de test, une zone assez compliquée par les routeurs maillés, car elle se trouve en bout de couverture du routeur principal et de son premier satellite.
En bout de portée du second satellite à 15m et plus, l’Orbi Wi-Fi 6E fait également mieux, et assure une connexion stable et plus rapide de plus de 100 Mbit/s. Il y a donc un vrai gain, qui se joue toutefois entre le très confortable et l’extrêmement confortable.
Précisons d’ailleurs que nous avons effectué les mêmes mesures avec un réseau hybride (émis sur les trois plages de fréquences) et avec un réseau uniquement 6 GHz – qu’on peut activer en passant par l’interface Web du routeur Orbi. Nous vous recommandons la première option si votre appartement est vaste et que vous vous y déplacez beaucoup. Elle garantit que votre ordinateur, tablette ou smartphone bénéficiera toujours de la meilleure connexion.
Si la domination du Wi-Fi 6E à très courte portée est évidente, on voit aussi qu’avec le même nombre de routeurs (deux en l’occurrence), le Orbi RBKE962 assure de meilleurs débits à distance, quand on se trouve en bout de portée de la couverture assuré par le satellite.
Parlons brièvement de la couverture, celle des Orbi RBK852 était excellente et quasi parfaite dans le cadre de notre environnement de test. Celle des Orbi RBKE962 fait aussi bien, et même mieux. Mais entre excellence et plus d’excellence, il est difficile de noter parfois la différence.
Mais débit et couverture ne font pas tout dans un routeur. Dans un marché très concurrentiel, il est essentiel de viser au plus haut dans tous les domaines possibles. Cela commence évidemment avec l’application dédiée, au cœur de la configuration et de l’utilisation au quotidien, et continue avec des services complémentaires qui garantissent, par exemple, la sécurité des appareils qui se connectent au réseau.
Installation, application… et sécurité
Pour contrôler vos Orbi, vous utiliserez donc l’application… Orbi. Elle est gratuite, évidemment, et disponible sur Android et iOS. Quasiment inchangée depuis ses origines, éprouvée également, elle répond à une règle essentielle : vous simplifier la vie, quitte à parfois frustrer en ne donnant pas accès à certains réglages avancés.
Malgré son ancienneté relative, nous avons été surpris de trouver encore quelques points d’interface de l’application qui ne soit pas intégralement traduits. Certains petits textes explicatifs ont semble-t-il été laissé à mi-traduction. Le traducteur a peut-être été victime d’une coupure de son réseau Wi-Fi…
Quoi qu’il en soit, l’application Orbi assure aussi bien la configuration que la gestion au quotidien de votre réseau. Tout commence quand vous scannez avec votre smartphone le QR code minuscule qui se trouve sous le premier routeur. Ne reste alors plus qu’à suivre quelques étapes automatisées qui cumulées peuvent prendre quelques minutes.
Selon la façon dont vous avez disposé vos satellites, ils seront détectés immédiatement, ou demanderont à ce que vous les ajoutiez ensuite, quitte à les rapprocher un peu du routeur principal avant de les rééloigner.
La règle d’or veut qu’il ne faille pas les éloigner de plus de 10 m ou deux pièces, mais parfois la configuration d’un logement, l’emplacement des prises électriques et des endroits où un routeur peut être déposé compliquent la tâche. Faites donc au mieux, mais évitez à tout prix de placer les routeurs dans un placard ou un recoin isolé.
Quoi qu’il en soit, une fois les différents satellites repérés, on vous demande de donner un nom à votre réseau, de lui choisir un mot de passe, et de créer un autre mot de passe qui vous servira à l’administration du routeur et donc du réseau. Patientez encore quelques minutes le temps que les modifications soient appliquées et que le routeur ait redémarré, puis rejoignez allègrement votre réseau Wi-Fi 6E.
Si vous avez déjà configuré des Orbi Wi-Fi 5 ou 6, vous ne serez pas dépaysé. Vos nouveaux routeurs vont sauter sur l’occasion de ce premier démarrage pour rechercher une mise à jour. Il vous faudra ensuite vous connecter à votre compte Netgear ou en créer un.
Comme nous le disions plus haut, il est possible de créer un SSID distinct utilisant seulement les 6 GHz depuis l’interface Web des Orbi, qui est accessible via l’URL orbilogin.com. Il est aussi possible de faire en sorte que vos objets connectés soient limités au réseau 2,4 GHz seulement, afin de réserver les bandes des 5 et 6 GHz aux appareils récents qui peuvent en tirer le meilleur parti.
L’interface Web donne également accès à quelques fonctions supplémentaires, comme la réservation d’adresse IP en fonction des adresses MAC des appareils connectés, le mappage de port, des DNS dynamique, etc. Il est même possible d’utiliser un service VPN depuis le routeur. En théorie tout au moins, car l’interface de configuration n’a jamais voulu s’afficher. Pourquoi parler de l’interface Web alors que l’application est là, à portée de doigts ? Simplement parce que l’appli Orbi est malgré tout un peu trop limitée. Elle vous permet de gérer votre réseau, d’activer un réseau invité, de surveiller la bande passante consommée, mais c’est bien peu, et parfois un peu insuffisant.
Par ailleurs, on constate que, pour un routeur premium – au prix astronomique : 1 700 euros, rappelons-le ! –, les Orbi RBKE963 ne donnent pas droit à un abonnement annuel gratuit pour une solution de sécurité. Pourtant, elle existe et est proposée d’ailleurs, moyennant finance.
Du contrôle parental – définir un temps de connexion, un suivi de l’activité, etc. – à la solution de sécurité, il faut payer, une fois les trois mois d’essai gratuits passés. Il vous en coûtera 69,99 euros par an, ou 7,99 euros par mois pour accéder à l’offre, confiée à Bitdefender, sous l’appellation Netgear Armor. Il faut d’ailleurs télécharger une application dédiée, Bitdefender for Netgear Armor, qui servira d’interface pour tous vos réglages, de la création de compte pour les utilisateurs, jusqu’à la définition des horaires d’accès au Wi-Fi, etc.
Elle se compose de deux volets : le premier est intégré au routeur et vous alerte en cas de blocage de pages Web indésirables par exemple – il est possible de définir une liste de sites inappropriés ou des applications dont vous voulez bloquer l’utilisation – qui a dit TikTok ? Des scans du réseau et des appareils seront également lancés régulièrement pour s’assurer que tout va bien. Un bon moyen de rester serein quand on a sous son toit de jeunes utilisateurs qui ne font pas toujours attention à ce qu’ils font.
Le second volet passe par l’application d’un programme Bitdefender sur vos différents appareils. Une appli est disponible aussi bien sur PC et Mac que sur smartphone ou tablette, Android et iOS/iPadOS. Comme une solution de sécurité classique, elle sera alors chargée de protéger le périphérique et de s’assurer qu’aucun malware ne vient s’y installer ou qu’aucun danger ne le menace.
La solution est efficace, mais pourrait gagner en intégration et en facilité d’utilisation. Un exemple ? Il n’est pas toujours facile d’identifier les appareils à associer à un compte utilisateur. Comment être sûr que le PC pour lequel vous établissez des filtres ou restrictions est celui de votre fils, par exemple, et non celui de votre femme ? Certes, parfois les appareils affichent clairement leur nom, mais pas toujours. La seule solution, alors, est de passer par la vérification des adresses MAC, ce qui est assez contre-intuitif et rébarbatif…
Bref, la solution logicielle est intéressante et fonctionne bien, mais on regrette que Netgear ne fasse pas d’effort en la matière. Après tout, certains de ces concurrents intègrent une offre gratuite limitée, mais conséquente avec leur routeur, tout en proposant davantage de fonctions avancées à ceux qui veulent payer. De manière intéressante, ce ne sont pas forcément les concurrents dont les prix sont les plus élevés et les débits les plus mauvais…