La fin de la pandémie de Covid-19 aurait-elle eu raison de la popularité du concept de métavers, expression désignant le futur de l’Internet, où les utilisateurs seraient plongés dans un monde virtuel pour tous types d’activité (travail, jeux, sport) ? C’est en tout cas la conviction de John Hanke, le patron du studio américain Niantic : « Je pense que c’était un sous-produit des confinements, mais depuis, la vie est revenue à la normale. On préfère retourner au bureau, se rencontrer directement plutôt que sur [l’application de visioconférence] Zoom. C’était une vision erronée de penser qu’on allait passer son temps dans un monde en 3D. »
L’effondrement du cours de Bourse de Meta (maison mère de Facebook), qui se rêve en champion du métavers, est le symbole de cette désillusion : l’action a perdu plus de 50 % de sa valeur en 2022, et la fréquentation de son univers virtuel, Horizon Worlds, est bien en deçà des prévisions de Mark Zuckerberg, avec 200 000 utilisateurs recensés en octobre, loin des 500 000 initialement espérés fin 2022.
Pour autant, nombreux sont encore les acteurs à manifester leur intérêt pour la réalité virtuelle. « C’est clairement le futur du jeu vidéo, estime Charles-Louis Planade, analyste financier chez Midcap Partners. Même si cela reste un marché de niche, il continue de croître fortement. » En 2023, on s’attend à voir Sony et Apple présenter chacun un nouveau casque de réalité virtuelle.
Plan d’économies
Toutefois, pour M. Hanke, « le futur appartient davantage à la réalité augmentée », qui permet, à travers un dispositif (smartphone, lunettes), de faire apparaître des éléments virtuels dans l’espace réel. C’est en s’appuyant sur cette technologie que Niantic a connu son plus gros succès, avec le jeu sur mobile Pokémon Go. Sept ans après son lancement, en 2016, il a dépassé les 6 milliards de dollars de revenus (5,5 milliards d’euros). Un succès que la société n’a pas su reproduire avec ses autres jeux. Elle espère désormais que la réussite lui sourira davantage avec son nouveau titre lancé en janvier, NBA All World, qui tentera de séduire les amateurs de basket.
Aux yeux de M. Hanke, si la réalité augmentée est en train de faire son chemin auprès du grand public, il lui manque encore un modèle réellement convaincant de lunettes de réalité augmentée. Niantic collabore d’ailleurs avec le géant des composants électroniques Qualcomm pour établir les bases de ce nouveau produit, dont d’autres constructeurs pourraient s’emparer.
En attendant, l’entreprise n’est pas à l’abri des turbulences que traverse le secteur des jeux vidéo. En juillet 2022, elle a levé le voile sur un plan d’économies passant par le licenciement de 8 % de ses effectifs et l’arrêt de plusieurs projets de jeux. Vendredi 20 janvier, Microsoft a annoncé à son tour la fermeture imminente de sa plate-forme de réalité virtuelle sociale AltspaceVR.