Le père fondateur du World Wide Web s’attend à ce que les intelligences artificielles génératives se multiplient à l’avenir. D’après lui, chaque internaute aura même son propre assistant intelligent, similaire à ChatGPT, à sa disposition.
Tim Berners-Lee, l’homme considéré comme le père fondateur du Web, a accordé une interview à nos confrères de CNBC. Sans surprise, l’informaticien a évoqué l’essor des intelligences artificielles génératives, comme le désormais incontournable ChatGPT.
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Un ChatGPT pour tous
Il estime que chaque internaute aura accès à son propre assistant personnel intelligent à l’avenir. Concrètement, n’importe quel utilisateur pourra déployer son intelligence artificielle, basée sur sa propre base de données, sur un serveur géré par ses soins.
Berners-Lee ajoute que les internautes pourront s’appuyer sur la technologie développée par sa start-up, Inrupt. La firme développe en effet un système permettant aux internautes de stocker leurs données personnelles sur des Personal Online Data Stores (PDS) ou pods. Ces pods, accessibles en ligne, renferment toutes les informations privées d’un individu.
« Vous avez tout un spectre de données – toutes les données avec vos collaborations et vos cafés, vos projets et vos rêves. Et les livres que vous lisez et … toute votre vie, alors c’est dans votre pod. Vous exécutez l’IA sur cette base. Cela pourrait être agréable », explique Tim Berners-Lee.
Une fois déployé sur l’ensemble des données personnelles d’un individu, le chatbot pourra assister l’utilisateur et répondre à ses questions, de la même manière que le ChatGPT inclus à Microsoft Bing fait des recherches sur le web.
Un meilleur contrôle de ses données personnelles
Grâce au système de pods d’Inrupt, Tim Berners-Lee cherche aussi à protéger la vie privée des internautes. Plutôt que de confier leurs données à des tiers, les utilisateurs pourront choisir de gérer l’ensemble de leurs informations privées.
Les pods permettent de faciliter l’interaction avec les différents services du web, explique le site web d’Inrupt. Il sera possible d’accorder à un site web ou à un service l’accès à un silo de données, plutôt que d’accepter la collecte par défaut imposée par les géants du numérique. De plus, le système mis au point par la start-up propose au détenteur des données de fixer des limites pour chaque utilisation, comme une durée maximale. On retrouve la même logique derrière le système anti-suivi publicitaire d’iOS.
Inrupt s’appuie sur Solid (Social Linked Data), une plate-forme de confidentialité open source. Ce réseau décentralisé est conçu héberger tous les pods. Notez que la technologie d’Inrupt est encore à ses balbutiements. Dans un premier temps, la solution se destine aux entreprises.
La proposition d’Inrupt permettrait de revenir aux valeurs initiales portées par le web. D’après l’informaticien britannique, le web s’est progressivement centralisé autour de grands acteurs, comme les réseaux sociaux. Désormais, le pouvoir, autrefois entre les mains de chaque internaute, est concentré par les géants du numérique.
« Quand les gens vous regardent sur Facebook, vous ne contrôlez pas réellement ce qu’ils voient… Les algorithmes de Mark Zuckerberg contrôlent les nouvelles qui leur sont transmises », regrette Tim Berners-Lee.
Ce n’est pas la première fois que Tim Berners-Lee dresse un constat amer du World Wide Web. Déçu par l’évolution de sa création, il a lancé plusieurs initiatives pour lutter contre les dérives du web. En 2019, le londonien a notamment annoncé un « plan global d’action » ayant pour ambition de « construire un meilleur monde en ligne »… avec l’appui de la plupart des géants de la technologie.
Source :
CNBC