L’AVIS DU « MONDE » – ON PEUT ÉVITER
Sale temps pour la maison Disney : sa plate-forme de streaming, Disney +, a récemment annoncé avoir perdu 2,4 millions d’abonnés en un trimestre, ce qui a obligé le groupe à licencier plus de 7 000 personnes. Conséquemment, Kevin Feige (PDG de Marvel Studios, qui appartient au groupe Disney) a dit vouloir réduire le nombre de séries Marvel diffusées sur la plate-forme – désireux, dit-il, de produire moins et mieux.
C’est dans ce climat de début de débâcle que sort Ant-Man et la Guêpe : Quantumania, troisième volet de la saga consacrée à l’homme-fourmi qui, sans jamais prétendre concurrencer les mastodontes du studio, creuse modestement son sillon de sympathique série B, fantasmant une dimension où Jack Arnold (L’homme qui rétrécit, 1957) aurait connu l’ère des effets spéciaux numériques.
Le canevas est on ne peut plus banal : Scott Lang, alias Ant-Man (Paul Rudd, génial acteur comique un peu à l’étroit ici), jouit tranquillement de sa notoriété depuis qu’il a affronté le dangereux Thanos (Avengers : Endgame, des frères Russo, en 2019) et semble avoir définitivement raccroché son costume de super-héros. Il se consacre désormais à rattraper le temps perdu avec sa fille Cassie.
Aidée par son grand-père (Michael Douglas), celle-ci continue d’explorer les mystères du Royaume quantique. Un jour, un mystérieux incident aspire toute la troupe qui, rétrécie, se retrouve plongée dans cette dimension alternative. Avant d’en trouver l’issue, ils devront affronter de nombreux périls et, notamment, le dangereux Kang le Conquérant, qui règne en maître sur le Royaume quantique.
Bill Murray et Michelle Pfeiffer
Après une dizaine de minutes passées sur la terre ferme, Ant-Man et la Guêpe : Quantumania plonge la tête la première dans cet étrange multivers mi-organique mi-technologique, sorte de tunnel utérin traversé de lumières bleuâtres et de créatures moches. Le film réinvoque de façon plaisante l’esprit d’un cinéma fantastique des années 1980, de L’Aventure intérieure (Joe Dante, 1987) à Chérie, j’ai rétréci les gosses (Joe Johnston, 1989). Mais cet hommage à une SF rétro et « artisanale », qui faisait tout le sel des précédents Ant-Man, est peu à peu sacrifié sur l’autel du sacro-saint multivers – nouvelle valeur refuge de l’écurie Marvel.
Sans aucun lien causal ni souci de clarté, paroles et actions prolifèrent et s’entre-dévorent
Justement, le Royaume quantique, cette réalité où les concepts de temps et d’espace n’ont plus la moindre signification, semble être la définition que Ant-Man se fait de la fiction. Sans aucun lien causal ni souci de clarté, paroles et actions prolifèrent et s’entre-dévorent.
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