C’était la grande affaire de l’automne et des premières semaines de l’hiver 2022 : la France allait-elle devoir subir des coupures d’électricité pour éviter l’effondrement du réseau de distribution et un dangereux black-out ?
L’angoisse était motivée par le faible nombre de réacteurs nucléaires en service du fait des maintenances en cours mais aussi des problèmes de corrosion à vérifier et à corriger sur certaines installations.
De fait, la production d’électricité a été historiquement faible en 2022 et aggravée par d’autres facteurs comme une sécheresse prononcée qui a affaibli les réserves d’eau pour générer de l’hydroélectricité.
Enfin, le conflit entre la Russie et l’Ukraine a interrompu l’approvisionnement de gaz et obligé à organiser des réserves massives issues d’autres sources. Tous ces éléments se sont combinés sur la fin d’année 2022, créant un risque pour le réseau électrique français qui s’est retrouvé importateur d’électricité, après des années à avoir fait figure de modèle exportateur.
Efforts de sobriété et météo douce
Face au risque sur la production électrique nationale, un plan de coupures tournantes a été envisagé tout en appelant à la sobriété énergétique. La forte hausse des prix de l’électricité a mécaniquement réduit la consommation électrique du secteur industriel tandis que des efforts ont été réalisés par les ménages pour abaisser la consommation d’électricité et décaler les usages énergivores hors des pics journaliers.
Ces différentes actions ont permis d’éviter toute coupure d’électricité en France, ou même de simples alertes. L’indicateur EcoWatt est ainsi resté vert au fil des jours, sans connaître de phases orange ni rouge.
Un énorme coup de pouce a permis d’écarter tout danger de coupure d’électricité : une météo plus que clémente au début de l’hiver. Avec des températures de 20 degrés enregistrées le 25 décembre et des températures douces prolongées sur début janvier, les forts pics de consommation habituels n’ont pas eu lieu, un chauffage intensif n’étant pas nécessaire.
Et pour le reste de l’hiver ?
Nous voici au milieu de l’hiver et la menace de coupure d’électricité est-elle toujours d’actualité ? « On est quasiment sortis d’affaires« , a répondu Xavier Piechachzyk, président de RTE, gestionnaire du réseau de distribution d’électricité en France.
Sans écarter la possibilité du retour d’un grand froid sur fin février / début mars qui pourrait remettre le réseau en alerte, le risque est désormais très faible car les conditions se sont grandement améliorées.
La capacité de production d’électricité d’origine nucléaire est remontée jusqu’à des niveaux satisfaisants pour faire face à des difficultés ponctuelles et les efforts de sobriété énergétique se poursuivent, permettant une baisse sensible de consommation d’électricité par rapport à l’an dernier.
Par ailleurs, la température reste globalement douce actuellement et les pics de consommation ne dépassent pas les 70 GW, ce qui laisse une bonne marge de manoeuvre et n’impose pas de prendre de mesures particulières.
Cette douceur du climat, qui a bien aidé à passer le moment difficile de l’entrée dans l’hiver, pourrait se révéler problématique à court terme alors que la sécheresse se manifeste dès à présent dans plusieurs régions, faute de pluies régénératrices des nappes phréatiques.