ChatGPT est de plus en plus utilisé dans les écoles… mais les élèves ne sont pas forcément les plus fervents défenseurs de l’intelligence artificielle et de ses atouts.
Depuis son lancement en novembre, ChatGPT rencontre un succès monumental. Le chatbot d’OpenAI a passé la barre des 100 millions d’utilisateurs, seulement deux mois après sa mise en ligne, devenant l’application grand public à la croissance la plus rapide de l’histoire.
Sans surprise, l’intelligence artificielle générative a attiré l‘attention des étudiants. Certains apprenants se servent en effet de ChatGPT pour rédiger leurs devoirs à leur place. Un enseignant en handicapologie de Lyon a même remarqué que 50 % de ses élèves avaient utilisé l’IA pour faire leurs devoirs.
Pour éviter la triche, de nombreuses écoles ont rapidement pris des mesures pour endiguer l’utilisation du chatbot, que ce soit durant les examens ou à la maison. Pourtant, il s’avère que ce sont surtout les professeurs qui se tournent vers ChatGPT quand ils ont besoin d’un coup de pouce.
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ChatGPT s’invite dans le travail des profs
Selon une étude menée par Impact Research, à la demande de la Walton Family Foundation, beaucoup d’enseignants se servent de l’IA dans le cadre de leur travail. Dans le cadre de l’étude, le cabinet britannique Impact Research a interrogé 1 002 enseignants et 1 000 élèves âgés de 12 à 17 ans résidant aux États-Unis.
Lors du sondage, 51 % des professeurs interrogés ont indiqué qu’ils utilisaient ChatGPT, contre 33 % des adolescents. Pour 40 % des enseignants, ChatGPT intervient dans leurs activités au moins une fois par semaine. C’est le cas de seulement 22 % des étudiants. L’étude ajoute que 10 % des professeurs sondés interrogent même le chatbot tous les jours. Au vu des chiffres relayés par l’étude, il semble que ChatGPT soit plus rapidement rentré dans le quotidien des professeurs que dans celui de leurs pupilles.
Les enseignants s’appuient surtout sur ChatGPT pour planifier leurs cours, trouver des idées créatives et « acquérir des connaissances de base » indispensables à leurs tâches.
Une utilisation encore limitée chez les jeunes
Par ailleurs, l’étude laisse penser que les élèves, du moins les mineurs d’âge, n’utilisent pas encore massivement l’intelligence artificielle générative. En effet, « seulement 15 % des élèves admettent utiliser le programme sans la permission de leurs enseignants ».
En fait, uniquement 10 % des enseignants ont découvert qu’un étudiant s’était servi de ChatGPT pour tricher lors d’un devoir. L’impact de ChatGPT, présenté comme le cauchemar ultime des profs, semble exagéré, du moins quand il est question des adolescents. Le narratif présentant l’IA comme l’outil idéal des ados paresseux a du plomb dans l’aile.
Néanmoins, il est possible que le corps enseignant n’ait pas systématiquement repéré tous les devoirs dans lesquels l’IA est intervenue. Conscient de la difficulté, OpenAI a mis en ligne un outil capable de débusquer les textes rédigés par ChatGPT. Ce programme aide à identifier les écrits générés par le chatbot. Combiné à des logiciels tiers, il peut aiguiller les correcteurs.
Intégrer ChatGPT à l’enseignement
Selon l’étude, une grande partie des instructeurs est plutôt ouverte à l’innovation que représente ChatGPT. 38 % des profs sont même susceptibles d’autoriser leurs élèves à se servir de l’IA pour réaliser un travail. Certains professeurs, y compris dans les universités, encouragent déjà leurs apprenants à se servir des outils comme ChatGPT. C’est le cas d’Ethan Mollick, professeur à l’université Wharton de Pennsylvanie. Celui-ci oblige même ses étudiants à réaliser certains devoirs en utilisant au mieux toutes les possibilités offertes par le modèle de langage d’OpenAI.
Pour 88 % des enseignants sondés par Impact Research, ChatGPT a eu un effet positif sur leurs cours. Même constat pour 79 % des élèves ayant eu recours à l’IA lors d’un travail scolaire. Dans ces conditions, les pédagogues comptent bien continuer à s’appuyer sur ChatGPT dans le cadre de leur travail, malgré une certaine réticence de la part de leur hiérarchie. Plus de 50 % des enseignants s’attendent à ce que leur utilisation du chatbot augmente dans le courant de l’année, estimant qu’il est important d’embrasser la révolution provoquée par l’IA.
Pour 72 % des profs, « ChatGPT n’est qu’un autre exemple de la raison pour laquelle nous ne pouvons pas continuer à faire les choses à l’ancienne dans les écoles du monde moderne ». Pour les enseignants, il est nécessaire de réduire le décalage entre le reste du monde, qui adopte rapidement les innovations technologiques, et celui de l’école, qui freine parfois des quatre fers devant le moindre bouleversement.
« Au lieu de chercher des moyens de l’interdire, les étudiants et leurs enseignants pensent que nous devrions trouver comment intégrer ChatGPT dans l’éducation pour l’utiliser à son plein potentiel », résume l’étude.
Source :
Walton Family Foundation