Une nouvelle faillite ébranle le monde des cryptomonnaies. Alors que l’industrie se remet peu à peu de la trahison FTX, une banque proche du secteur vient d’annoncer sa faillite, pénalisant le cours du Bitcoin…
Silvergate Capital, la maison mère de la banque Silvergate, vient d’annoncer sa fermeture. Dans un bref communiqué, la société californienne explique avoir l’intention de se placer en liquidation. Concrètement, tous les actifs de la banque, ainsi que les technologies développées par ses soins, seront revendus au plus offrant.
Bonne nouvelle, la firme précise que tous les clients seront bien remboursés. Pour assurer les remboursements, Silvergate va notamment s’appuyer sur le processus de liquidation de ses actifs. La Federal Deposit Insurance Corporation, l’organisme chargé de garantir les dépôts bancaires des citoyens américains, devrait théoriquement intervenir, en couvrant un maximum de 250 000 dollars de pertes.
Dans l’annonce, Silvergate justifie sa décision par les « récents développements de l’industrie et de la réglementation », qui s’est durcie en marge du krach. Comme de nombreux acteurs de l’écosystème crypto, Silvergate a surtout énormément souffert de la baisse du marché et des retombées du désastre de FTX.
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Retour sur l’effondrement de la crypto-banque
Silvergate a vu le jour en 1988, bien avant l’émergence du Bitcoin et du monde des cryptomonnaies. Aux origines, il s’agissait d’une petite banque locale située en Californie. Sous l’impulsion de son PDG Alan Lane, la banque s’est graduellement tournée vers les cryptomonnaies à partir de 2013. Celui-ci était déjà convaincu de l’avenir florissant des cryptodevises. Il avait d’ailleurs investi dans le Bitcoin à titre personnel.
Silvergate s’est donc mis à proposer des services de gestion d’actifs aux sociétés de l’écosystème, à contre-courant des autres banques. En profitant de l’hostilité des banques traditionnelles à l’égard de l’industrie des cryptomonnaies, Silvergate a rapidement conquis de nombreuses sociétés. En quelques années d’activités, la banque a séduit plus de 200 entités du secteur, constituant un pont presque inédit entre la finance traditionnelle et le monde des cryptos.
Pour attirer les clients, la banque a même lancé le Silvergate Exchange Network (SEN). Ce réseau bancaire permettait aux utilisateurs de la banque de s’échanger des actifs instantanément à n’importe quel moment. Le réseau facilitait les échanges entre les acteurs de l’écosystème. Il a finalement été suspendu la semaine dernière, augurant la mort imminente de Silvergate.
Déjà fragilisée par le krach des cryptomonnaies, Silvergate a perdu pied peu après la chute éclair de l’empire FTX. La banque gérait une partie des actifs détenus par FTX et de ses sociétés sœurs, dont Alameda Research. Accusé d’avoir passé sous silence les activités suspectes de Sam Bankman-Fried, fondateur de FTX, Silvergate a été progressivement délaissé par ses partenaires. Des clients majeurs, comme les géants Coinbase, Paxos, Circle, Blockchain.com, GSR et Wintermute, se sont distancés de l’établissement bancaire, précipitant sa chute… Une vague de retraits massifs – plus de 8 milliards de dollars en trois mois – est venue aggraver la situation, rognant sur les réserves de la banque.
Plus de 90 % des dépôts reçus par la banque provenaient du secteur des cryptoactifs.
C’est pourquoi le krach des cryptomonnaies, qui a débuté l’an dernier avec la mort de l’UST, a été fatal à la banque. Sur l’année dernière, Silvergate a enregistré 948 millions de dollars de pertes. Ces résultats catastrophes ont pénalisé l’action boursière du groupe. Pour redresser la barre, Silvergate a licencié 40 % de son personnel, soit 200 salariés. En vain.
Avant sa débâcle, Silvergate gérait les actifs de plus de 1 500 entités de l’écosystème, dont de nombreux poids lourds. Pour rassurer leurs utilisateurs, de nombreuses plates-formes ont promptement révélé que leurs liens avec Silvergate étaient déjà de l’histoire ancienne au moment de la liquidation. C’est le cas de Coinbase, qui assure ne pas avoir d’argent stocké chez son ancien partenaire. La plate-forme américaine avait cessé les transferts en amont, redoutant une faillite. De son côté, Binance, le leader du marché, précise ne pas avoir perdu d’actifs dans la débâcle de la banque. À ce stade, on peut craindre que les entités vraiment affectées n’aient pas encore communiqué sur d’éventuelles pertes.
La faillite de Silvergate pénalise les cryptomonnaies
Cette énième faillite a entamé le fragile rebond des cryptomonnaies. En marge de la liquidation de Silvergate, le cours du Bitcoin est brusquement repassé sous le seuil des 22 000 dollars. Comme toujours, la baisse du roi Bitcoin a tiré tout le marché vers le bas. La valorisation de l’ensemble de l’écosystème a replongé sous les 1 000 milliards de dollars, plombant la reprise hésitante du secteur.
Notez que la réaction du marché a été plutôt limitée jusqu’ici. Les investisseurs et les observateurs s’attendaient déjà depuis longtemps à la mauvaise nouvelle. La banque laisse entendre depuis plusieurs mois qu’une liquidation est inévitable. C’est pourquoi le Bitcoin et les autres tokens ne se sont pas complètement effondrés quand Silvergate a publié son communiqué.
La faillite de Silvergate s’ajoute à la longue liste des entreprises liées à la crypto qui ont mordu la poussière au cours des douze derniers mois. Ceux-ci ont été marqués par les décès successifs de la plate-forme Celsius, du fonds spéculatif Three Arrows Capital, du courtier Voyager Digital, de FTX, de l’exchange BlockFi, du fonds d’investissement Genesis et de LocalBitcoins. C’est néanmoins la première qu’une banque ferme ses portes à cause de ses liens étroits avec le secteur.
Source :
The Block