Cela tangue décidément très fort pour TikTok, le réseau social le plus dynamique au monde. Cette application chinoise de vidéos courtes, particulièrement populaire auprès des jeunes, est soupçonnée d’agir en sous-main pour le compte de Pékin. Elle est aujourd’hui menacée d’être interdite aux Etats-Unis et désormais, même si c’est dans une moindre mesure, en Europe.
Dans ce contexte, Jean-Noël Barrot, ministre délégué à la transition numérique, recevait, vendredi 10 mars à Bercy, Erich Andersen, juriste, conseiller général de ByteDance, la maison mère de TikTok, lequel réalise actuellement une tournée auprès de responsables politiques européens pour plaider la cause de son entreprise.
Un front s’ouvre donc côté européen pour l’entreprise chinoise. La Commission et le Parlement européens ont demandé, début mars, à leurs fonctionnaires de retirer l’application de leurs appareils professionnels. C’est aussi le cas du parlement danois. Mercredi 8 mars, l’agence tchèque pour la cybersécurité a averti que le réseau social représentait une « menace » pour la sécurité s’il était installé sur des appareils ayant accès à des données sensibles.
« Nous ne devons pas être naïfs »
Dernière décision en date : le premier ministre belge, Alexander De Croo, a annoncé, vendredi 10 mars, l’interdiction pour six mois de l’usage de l’application TikTok sur des téléphones de fonction fournis par l’Etat fédéral, avançant un risque de détournement de données sensibles au bénéfice de la Chine. « Nous ne devons pas être naïfs : TikTok est une entreprise chinoise qui est aujourd’hui obligée de coopérer avec les services de renseignement chinois. C’est la réalité », a justifié le dirigeant libéral flamand dans un communiqué.
TikTok a présenté, le 8 mars, des garanties pour rassurer les utilisateurs européens, avec l’installation de centres de données en Irlande et en Norvège – un investissement de 1,2 milliard d’euros –, et un partenariat avec un acteur européen, afin de « créer une enclave européenne sécurisée ». L’entreprise sur la sellette a envoyé M. Andersen faire la tournée des capitales − Londres, Paris, Bruxelles et La Haye − pour convaincre de sa bonne foi. Sa rencontre avec Jean-Noël Barrot n’a, selon une source gouvernementale, pas été de nature à complètement rassurer l’exécutif français, qui s’inquiète du délai de mise en œuvre de ces mesures.
En février, la Maison Blanche a ordonné à tous les fonctionnaires fédéraux de supprimer l’application de leurs téléphones professionnels
Mais c’est d’Amérique du Nord que la menace est la plus forte. Les premières banderilles contre TikTok remontent à l’administration Trump, quand le locataire de la Maison Blanche s’était mis en tête en 2020 de forcer ByteDance à vendre les activités américaines de son réseau social à une entreprise « made in USA ». La démarche procédait de la même logique qui conduisait alors les Etats-Unis à user de tous les ressorts possibles pour briser l’ascension du géant des télécoms chinois Huawei, un temps numéro un mondial du marché des smartphones, dont les ventes se sont depuis effondrées.
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