Une nouvelle alternative à ChatGPT vient de voir le jour. Baptisée Claude, l’intelligence artificielle ambitionne de faire de l’ombre au chatbot conçu par OpenAI… notamment grâce au soutien financier de Google.
Anthropic, une start-up américaine spécialisée dans l’intelligence artificielle, vient de lever le voile sur Claude, une alternative au désormais célèbre ChatGPT. Le chatbot est capable de répondre à des questions, de coder, de résumer des documents et, plus largement, de converser avec son interlocuteur en imitant un être humain.
De ce côté-là, Claude est très similaire à ChatGPT. L’interface développée par Anthropic reprend d’ailleurs les mêmes éléments que celle d’OpenAI, avec un champ de texte, un espace pour les réponses, et des boutons permettant de réagir à celles-ci.
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Les atouts de Claude
D’après Anthropic, le chatbot, présenté comme un assistant « utile, honnête et inoffensif », se distingue néanmoins de son illustre concurrent. Citant les témoignages de « ses premiers clients », la firme de San Francisco assure que Claude est « beaucoup moins susceptible de produire des réponses nuisibles ». Il serait également « plus facile de converser » avec l’IA.
La solution d’Anthropic se veut aussi plus facilement ajustable. En clair, l’interlocuteur n’aurait pas besoin d’imaginer des requêtes complexes ou alambiquées pour pousser les réponses de Claude dans une direction bien précise.
« Claude peut également prendre en compte des directives sur la personnalité, le ton et le comportement », ajoute Anthropic.
En fonction des besoins, la personnalité de Claude est susceptible de changer. De la même manière, Microsoft Bing permet d’ajuster manuellement la personnalité de Prometheus, le chatbot basé sur ChatGPT, à l’aide d’un simple bouton. Chez Anthropic, ces ajustements s’annoncent plutôt automatiques. Comme ChatGPT, Claude n’a pas accès à Internet. L’intelligence artificielle a été entraînée à l’aide d’un ensemble de données limitées dans le temps. Contrairement à Bing, il ne peut pas faire des recherches en ligne à la place de l’internaute sur des sujets d’actualité.
Sans surprise, Anthropic a pris de précautions pour éviter les dérives du modèle, comme « les sorties sexistes, racistes et toxiques ». Comme son rival, il est programmé pour refuser « d’aider un être humain à se livrer à des activités illégales ou contraires à l’éthique ». Ces garde-fous ont été contournés par certains testeurs durant la phase de test, grâce à des requêtes bien calibrées. Un internaute explique avoir convaincu l’IA de lui expliquer comment produire de la méthamphétamine.
.@AnthropicAI‘s « Claude » is susceptible to the same base64 jailbreak as chatGPT. I’m very unclear why this works at all
(originally reported here: https://t.co/j2cKAlEBQ0) pic.twitter.com/RwLuKniwiW
— Dan Elton (@moreisdifferent) January 8, 2023
Comme l’admet Anthropic, Claude n’est pas encore parfait. L’IA est toujours susceptible de raconter n’importe quoi, comme tous les modèles linguistiques au monde. Pendant la phase de test, le robot conversationnel a par exemple évoqué des produits chimiques qui n’existent pas. De plus, Claude serait moins bon en programmation et en mathématiques que ChatGPT. On se souviendra pourtant que le chatbot d’OpenAI n’était déjà pas un as du calcul.
Claude est déjà chez DuckDuckGo, Notion et Quora
Dans son communiqué, la start-up précise avoir testé Claude pendant plusieurs mois avec l’aide de ses partenaires. Parmi ceux-ci, on trouve des sociétés réputées comme Notion, Quora ou encore DuckDuckGo. Le moteur de recherche s’est d’ailleurs appuyé sur les innovations d’Anthropic pour développer DuckAssist. Cette fonctionnalité fournit un résumé destiné à répondre en quelques lignes à la question de l’internaute. Pour mettre au point cet outil, basé sur les informations de Wikipédia, DuckDuckGo s’est également appuyé sur le modèle linguistique derrière ChatGPT.
On retrouve aussi les innovations derrière Claude au sein de Notion AI, l’assistant à l’écriture destiné à aider les professionnels dans leurs activités, et dans Poe, le robot conversationnel de Quora. Ce chatbot s’appuie à la fois sur le modèle de langage GPT et celui mis au point par Anthropic. Par le biais d’une application mobile ou d’un navigateur, les internautes peuvent converser avec Poe, de la même manière qu’avec ChatGPT.
Today we are launching Poe subscriptions, which will provide paying users with access to bots based on two powerful new language models: GPT-4 from OpenAI and Claude+ from Anthropic. pic.twitter.com/xyGzo8QSF5
— Adam D’Angelo (@adamdangelo) March 14, 2023
Deux versions de l’IA
Sur base de ces expérimentations, Anthropic met à disposition deux versions de son IA : Claude, « un modèle haute performance à la pointe de la technologie », et Claude Instant, « une version plus légère, moins chère et beaucoup plus rapide ».
Contrairement à ChatGPT, Claude n’est pas disponible par le biais d’une interface grand public. Il n’est pas possible de converser avec le robot sur le site d’Anthropic. L’IA est uniquement proposée aux entreprises via une API. On peut donc s’attendre à ce que Claude se retrouve rapidement intégré dans de nombreux produits grand public. Les sociétés intéressées sont invitées à rejoindre une liste d’attente.
L’appui de Google
Fondée en 2021 par Daniela et Dario Amodei, deux anciens d’OpenAI, la start-up Anthropic s’est rapidement lancée dans la conception d’une intelligence artificielle analogue à ChatGPT. Dans cette optique, elle a séduit une kyrielle d’investisseurs phares du secteur de la tech.
Pour mettre au point Claude, Anthropic a notamment pu profiter du soutien de Google. Le géant de la recherche a en effet investi 400 millions de dollars dans l’entreprise, négociant dans la foulée une participation de 10 %. En échange de cet investissement, Anthropic a adopté les services de Google Cloud en tant que fournisseur de cloud privilégié. Tout en investissant dans les recherches d’Anthropic, Google a mis au point sa propre alternative à ChatGPT, Bard. En multipliant les initiatives, le groupe de Mountain View cherche à reprendre la tête de la course à l’IA.
Fort de l’intérêt affiché par Google, Anthropic a récemment levé 300 millions de dollars supplémentaires, portant sa valorisation totale à 4,1 milliards de dollars. La start-up cherche désormais à profiter de la révolution de l’IA pour dégager des bénéfices.
Source :
Anthropic