L’Amérique a beau soutenir vigoureusement la guerre en Ukraine, son obsession reste la Chine. Elle s’attaque à ses ballons, à son électronique, mais son principal ennemi reste TikTok. Normal, le réseau social aujourd’hui le plus populaire au monde chez les jeunes a déjà pris le contrôle des adolescents américains. Ceux-ci passent désormais plus de temps sur l’application chinoise que sur YouTube, Instagram ou Facebook.
Les hostilités ont monté d’un cran, mercredi 15 mars, quand la société a confirmé que le gouvernement américain lui avait posé un ultimatum : soit elle quitte le giron de son propriétaire chinois, le groupe ByteDance, soit elle est interdite aux Etats-Unis.
Tic toc, tic toc, l’horloge de la bombe a retardement est enclenchée. La firme revit le cauchemar des années Donald Trump, quand l’ancien président américain avait tenté de mettre au pas le réseau social, comme il l’avait fait pour le spécialiste des télécoms Huawei. Peine perdue, la notoriété de TikTok n’a fait qu’augmenter. Plus paradoxal encore, jamais les sociétés grand public d’origine chinoise n’ont eu autant de succès sur le sol américain.
Lors du dernier Super Bowl, la finale du championnat de football américain, moment d’audience le plus important de l’année pour la télévision, c’est la publicité de l’application Temu qui a mobilisé l’attention. En quelques mois, cette plate-forme de commerce en ligne à prix cassés installée à Boston est devenue l’application la plus téléchargée sur les smartphones américains. Elle est la filiale du groupe de Shanghaï PDD Holdings, déjà propriétaire de Pinduoduo, une place de marché sur Internet très populaire en Chine. Sans parler, bien sûr, de Shein, le « Zara chinois », connue pour sa mode à tout petits prix qui fait un malheur dans le monde entier et envisage une introduction en Bourse à Wall Street.
Des milliards de données
Le point commun de cette nouvelle génération de commerçants est de viser le grand public sans intermédiaire, de faire fabriquer en Chine à la demande et d’expédier directement depuis l’usine. Une stratégie qui tranche avec celle d’Amazon et ses entrepôts géants dans le monde entier, mais qui fonctionne à merveille.
Et pour enrichir les cauchemars des politiciens américains, il convient de préciser que toutes ces entreprises fondent leur prospérité sur l’analyse très sophistiquée des besoins des consommateurs. Des milliards de données qui potentiellement aboutissent dans des ordinateurs de l’empire du Milieu. TikTok a proposé d’héberger les données de ses adeptes uniquement sur le sol américain. Mais cela ne suffit pas. L’Amérique entend faire tomber le rideau (de fer) sur les appétits des marchands extrême-orientaux.