Avec son Snapdragon 7+ Gen 2, Qualcomm promet un impressionnant doublement de la puissance graphique de sa puce milieu de gamme. Des progrès dont profite tous les autres composants du SoC mobile (+50% CPU, +100% NPU, etc.). Qui devrait faire briller toute une génération de terminaux. Et contrer la montée en puissance de MediaTek ?
Ce n’est pas un composant haut de gamme, pourtant le Snapdragon 7+ Gen 2 est bien un processeur majeur. En annonçant le renouvellement de sa puce mobile milieu de gamme, Qualcomm promet le plus important saut de performance intergénérationnel de ces dernières années ! Remplaçant le Snapdragon 7 Gen 1, cette seconde génération promet énormément. Avec en premier lieu des performances graphiques doublées. Oui, vous avez bien lu : la nouvelle puce Adreno (Qualcomm a malheureusement abandonné tout détail de nomenclature) promet un gain de performances allant jusqu’à +100%. Du jamais vu chez Qualcomm hors puces d’entrée de gamme !
Ce doublement des performances concerne aussi le NPU, son processeur Hexagon (souvent appelé DSP chez Qualcomm). Responsable de l’exécution des algorithmes issus des entraînements IA notamment utilités dans le traitement d’image (photo, vidéo, contrôle des caméras, etc.), cette nouvelle mouture profite elle aussi d’un bond de performances pouvant aller jusqu’à +100%.
Si les évolutions générationnelles de la partie CPU (le « processeur » à proprement parler) sont plus limitées, elles sont elles aussi au-delà des standards de l’industrie : jusqu’à +50%. Dans un domaine très mature où les gains de puissance brute sont rarement au-delà de 15%, là encore Qualcomm marque le pas. Ce d’autant plus que l’efficacité énergétique du SoC est améliorée au passage de 13%.
Une puce vraiment améliorée
Quand des générations de puces font montre d’un grand gain de performances entre deux générations, le principal facteur de ces améliorations provient de la réduction de la finesse de gravure. Qui permet (surtout) d’entasser plus de transistors par mm² de puce – et faire ainsi enfler le moteur. Mais dans le cas du Snapdragon 7+ Gen 2, ce n’est pas (tout à fait) le cas. Pas « tout à fait », car il y a quand même un changement. Mais de crèmerie : après avoir fait appel à la gravure 4 nm LP de Samsung pour le Snapdragon 7+ Gen 1, Qualcomm reste sur le « node » 4 nm, mais chez TSMC (sans plus de précisions).
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Si les précédents des Snapdragon 8 Gen 1+ de TSMC plus efficaces et performants que les Snapdragon 8 Gen 1 de Samsung prouvent que des écarts existent entre les deux, le gains n’allaient guère au-delà de 15-20% La réalité du Snapdragon 7+ Gen 2 est qu’il s’agit bien d’une toute nouvelle puce extrêmement plus complète – nouveau modem 5G X62, triple ISP Spectra pour gérer trois caméras, etc. – et musclée que son aïeule. Une augmentation des performances prévue dès la conception du SoC et qui pourrait s’expliquer par le contexte du marché. Un marché ou le challenger commence à boxer de plus en plus fort…
Couper l’herbe sous le pied de MediaTek ?
Si Qualcomm est le numéro 1 mondial en termes de valeur dans le domaine des smartphones Android, MediaTek mène la danse en matière de volumes. De plus, MediaTek progresse sur le plan des performances, avec des puces Dimensity qui propulsent désormais des smartphones fleurons chez Vivo par exemple (X90 Pro). Une chose impensable il y a seulement 5 ans, où ses puces étaient limitées à l’entrée et milieu de gamme, et où les performances perçues accusaient un vrai retard. Pour avoir eu un X90 Pro dans les mains, une chose est claire : le taïwanais sait faire des puces haut de gamme. Et Qualcomm doit nécessairement le sentir.
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Le Snapdragon 7+ Gen 2 a ainsi des atouts pour faire de l’ombre à la montée en puissance de MediaTek. Qualcomm est une entreprise plus connue et plus prestigieuse, autant auprès des publics occidentaux qu’asiatiques. De plus, Qualcomm fait, bien plus que MediaTek, un travail marketing autour de sa marque Snapdragon. L’entreprise a son réseau d’influenceurs (les « Insiders »), a développé une image et des noms de technologies autour du son (Snapdragon Sound), ou du jeu vidéo mobile (Snapdragon Elite Gaming), travaille directement avec les éditeurs de jeux, etc. Un Snapdragon 7+ Gen 2 a toutes les chances de séduire plus facilement un public à la recherche de performances graphiques à coût modéré – les smartphones gaming sont un énorme marché en Asie – qu’une puce de chez MediaTek. Il est aussi là, le pouvoir du marketing.
Avec de telles performances, sans nul doute suffisantes pour 95% des usages du quotidien, la question légitime est de savoir « que reste-t-il au Snapdragon 8 Gen 2 ? ». La réponse se trouvera en regardant les intérêts des constructeurs de smartphones. Qui sont, comme Qualcomm, à la recherche de valeurs et donc de marges. Si le Snapdragon 7+ Gen 2 a largement le jus pour être votre processeur du quotidien, dans les faits, les terminaux équipés des meilleurs écrans, des meilleurs modules caméra (la photo est toujours dans le top 3 des demandes clients), etc. Seront évidemment équipés de puces plus chères. Mais pour un public qui n’a pas besoin de la crème de la crème, le Snapdragon 7+ Gen 2 est, sur le papier, un processeur « tueur ». Dont nous attendons avec grande impatience de voir quels terminaux il équipera. Et si les promesses sont bien tenues !