Les NFT, espoir de revenus pour les artistes émergents ?

Les NFT, espoir de revenus pour les artistes émergents ?


Spéculation outrée, abondance d’œuvres esquissées à gros pixels, trop-plein de séries cartoonesques cultivant la passion de la collection plus que celle de l’art… les NFT (non-fungible tokens, jetons non fongibles) essuient de nombreuses critiques depuis leur explosion médiatique et des ventes d’œuvres record, comme celles de Beeple ou de Pak. Mais leurs défenseurs pointent souvent en réponse le même espoir : ces certificats de propriété numérique inscrits dans la blockchain, qui garantissent l’authenticité et l’unicité de la copie d’une œuvre, pourraient aider des artistes à sortir de la précarité.

Un espoir tout sauf futile, si l’on considère « l’échec massif des carrières d’artistes » souligné par Eric Villagordo, sociologue de l’art et maître de conférences en arts plastiques à l’université Paul-Valéry Montpellier-III, selon qui, « nous avons trop tendance à fermer les yeux sur cette réalité, car nous partageons la même idéologie romantique de l’artiste désintéressé ». De fait, les NFT ont plusieurs raisons logiques de pouvoir aider les artistes à mieux vivre. D’abord en donnant de la valeur à des œuvres numériques qui ne pouvaient jusqu’ici mettre en avant leur rareté, puisque leur nature dématérialisée les rendait consultables et copiables à volonté. Et si ces œuvres ont désormais une valeur, c’est aussi parce que des personnes enrichies par les cryptomonnaies, particulièrement actives sur ce marché, sont prêtes à leur en accorder une.

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Au-delà du public des crypto-enrichis, les NFT portent aussi le potentiel de démocratiser l’accès à l’art. « Pas besoin d’habiter les beaux quartiers d’une grande ville pour croiser une œuvre, on est à un clic des artistes via Twitter », argue ainsi John Karp, fondateur de NFT Morning, une publication sur les NFT. Ces derniers pourraient donc drainer de nouveaux publics et donc de nouveaux revenus puisque, comme le remarque le plasticien français Kirill Ukolov, « peu importe le centre d’intérêt de l’artiste, il trouvera toujours sur la planète des milliers de personnes qui s’intéressent au même sujet ».

Une technologie encore peu utilisée

Mais encore faut-il que les artistes les adoptent. Selon le cabinet d’analyse NonFungible, qui dans une étude a tenté d’isoler la part artistique des ventes de NFT, on ne dénombrait en 2021 que 3 550 artistes en vendant dans le monde. Une estimation sans doute très conservatrice, mais à mettre en regard tout de même des « dizaines de milliers de personnes qui se vivent comme artistes rien qu’en France », selon Eric Villagordo, « la plupart travaillant à côté pour vivre ». Parmi les artistes suivis par Kirill Ukolov, par exemple, à peine un dixième s’est lancé dans les NFT. Même constat du côté d’Anthony Masure, professeur associé aux Beaux-Arts de Genève, qui souligne que ces proportions sont encore « beaucoup plus faibles chez les étudiants ». De fait, la vingtaine d’étudiants des Beaux-Arts de Paris et des Gobelins, que Le Monde a interrogés, n’a pu pointer que deux semblables ayant sauté le pas.

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