Pour réduire la dépendance aux énergies fossiles, l’une des pistes potentielles sera d’utiliser des versions miniatures de réacteurs nucléaires. Le plan France 2030 présenté par Emmanuel Macron en 2021 fait ainsi de la place aux SMR (Small Modular Reactor), ces mini-réacteurs nucléaires de faible puissance (par rapport à ceux des centrales) utilisables directement dans l’industrie.
Ils pourraient contribuer à décarboner l’industrie tout en étant faciles et rapides à construire, avec une puissance de moins de 300W. Le groupe EDF s’intéresse logiquement à cette possibilité, en parallèle de la construction des grands réacteurs EPR2 qui doivent remplacer les réacteurs vieillissants de l’actuel parc nucléaire.
L’entreprise a monté un projet initial qui prépare le design d’un futur SMR et vient d’atteindre un point de finalisation qui lui permet de lancer une filiale Nuward qui va désormais porter le projet vers sa réalisation avec la phase de » basic design » sur les quatre prochaines années, au terme de laquelle une autorisation de construction du réacteur sera demandée à l’ASN (Autorité de Sûreté Nucléaire).
Remplacer les centrales thermiques polluantes
Dotée de 150 salariés en 2024, Nuward fera appel à plus de 600 ingénieurs et experts issus d’EDF et de partenaires pour développer son mini-réacteur nucléaire. Le SMR Nuward sera pensé pour remplacer les anciennes centrales à charbon, au fioul ou au gaz, fortement émettrices de gaz à effet de serre et qui vont être mises hors services dans les années qui viennent.
Il pourra également contribuer à produire de l’hydrogène et l’annonce de la création de Nuward au lendemain de la validation du texte européen qui reconnaît l’intérêt de l’hydrogène bas carbone produit par le nucléaire aux côtés de l’hydrogène renouvelable (produit en solaire et éolien) n’est sans doute pas un hasard.
D’autres usages, comme « le chauffage urbain, la chaleur industrielle ou le dessalement » sont également évoqués, avec une complémentarité revendiquée par rapport aux énergies renouvelables intermittentes.
Un nucléaire moins imposant
Le projet Nuward se compose de deux mini-réacteurs produisant chacun 170 MW au sein d’une unité fournissant une puissance totale de 340 MW en s’appuyant sur la technologie REP (réacteur à eau pressurisée) et avec une durée de vie estimée à au moins 60 ans.
Le Plan France 2030 prévoit un investissement de 1 milliard d’euros en soutien à l’innovation dans le nucléaire et Nuward devrait largement profiter de cette manne publique tout en profitant de collaborations importantes avec le CEA (Commissariat à l’Energie Atomique) et les entreprises Naval Group, TechnicAtome, Framatome et Tractebel.