« Instagram est le support parfait pour parler de l’anxiété, car on peut échanger avec les membres de sa communauté »

« Instagram est le support parfait pour parler de l’anxiété, car on peut échanger avec les membres de sa communauté »


La première fois que Marco Coiffard, 29 ans, a fait une crise d’angoisse, il n’a pas compris ce qui lui arrivait. Quand les symptômes se sont répétés, il a cherché à se renseigner. Assailli par une crainte sourde, constante et paralysante, la gorge et le ventre perpétuellement noués, l’esprit colonisé par des pensées négatives, le jeune monteur dans l’audiovisuel a le réflexe de chercher en ligne pour mettre des mots sur sa souffrance. « Je n’avais aucune idée de ce qu’était l’anxiété, se souvient-il. J’ai passé de longues heures à tenter de trouver des explications sur Internet, à écumer les forums pour voir si des personnes vivaient la même chose que moi. J’avais besoin qu’on me dise que je ne perdais pas la tête et que je n’étais pas seul. »

Marco décide alors de créer un groupe Facebook pour réunir les témoignages de gens souffrant de la même chose que lui. Quelques mois plus tard, il lance @bonjouranxiété sur Instagram pour « informer et sensibiliser aux questions de santé mentale ». Il rédige alors ses premiers posts et raconte avec des mots simples le quotidien contrarié d’une personne anxieuse.

Suivi par 287 000 personnes, il adopte les codes visuels et le ton propres à Instagram et publie des gifs, des citations, des photos d’animaux et des tranches de vie. Exemple : « L’anxiété le soir, voilà à quoi ça ressemble. Les pensées remontent à la surface parce qu’on se retrouve seul face à soi-même et ce n’est jamais agréable. Ça engendre des troubles du sommeil et beaucoup de fatigue au quotidien. »

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« L’anxiété abîme le cerveau et doit être traitée »

L’anxiété, qui désigne le fait de ressentir une crainte ou une inquiétude ponctuelle avant un événement important, est normale. Mais parfois, cette crainte peut devenir handicapante. Notamment si elle se transforme en un trouble anxieux généralisé, ce dont souffre Marco. « Le curseur, c’est le retentissement et la durée, détaille Olivier Bonnot, psychiatre pour enfant et adolescent et chef de service au CHU de Nantes. Etre anxieux cinq minutes avant un événement n’a rien d’anormal. En revanche, si ça empêche de vivre ou d’interagir avec les autres, ça devient problématique car l’anxiété abîme le cerveau et doit être traitée. »

Depuis quelques années, ce mal n’est plus tabou, au moins sur les réseaux sociaux. Le hashtag #anxiété compte plus de 200 000 mentions sur Instagram. Des personnalités publiques emblématiques comme la youtubeuse Léna Situations ou l’actrice et chanteuse Selena Gomez – qui se définit comme une « activiste de la santé mentale » – n’hésitent pas à témoigner de leurs crises d’angoisse et de la dimension invalidante de celles-ci dans leur vie de tous les jours. « Je pensais que l’anxiété c’était un truc futile, mais parfois ça me bouffe des journées entières donc je pense que voir des professionnels ne peut qu’être bénéfique », a tweeté Léna Situations en 2020.

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