À la surprise générale, FTX pourrait faire son grand retour dans les mois à venir. Les avocats en charge de la faillite ont à nouveau évoqué la réouverture de la plate-forme d’échange de cryptomonnaies…
Ce mercredi 12 avril 2023, plusieurs avocats de Sullivan & Cromwell, le cabinet chargé de la procédure de faillite de FTX, sont passés devant le tribunal des faillites du Delaware. Dans un premier temps, les juristes sont revenus sur l’évolution du processus de récupération des fonds des clients.
Pour mémoire, la plate-forme s’est effondrée en engloutissant plus de 10 milliards de dollars. FTX doit de l’argent à plus d’un million d’entités et d’individus. Après enquête, il s’est avéré que Sam Bankman-Fried, fondateur de l’empire FTX, se servait des fonds de la clientèle pour investir dans des projets et financer des dépenses personnelles.
Bonne nouvelle, les avocats précisent avoir pu récupérer 7.3 milliards de dollars en espèces et en cryptomonnaies au cours des derniers mois. Ces fonds sont considérés comme liquides. Ils peuvent être retirés à tout moment. Pour réunir la somme, les avocats ont notamment réclamé la restitution des nombreux dons réalisés par Sam Bankman-Fried et saisi les propriétés immobilières de luxe du groupe.
« La situation s’est stabilisée », déclare Andy Dietderich, l’un des avocats chargés de la liquidation.
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Lors de l’audience, Andy Dietderich a évoqué l’éventualité d’une relance de FTX. Tout en admettant qu’une réouverture demande des « capitaux importants », le juriste a annoncé qu’un plan de réorganisation de FTX sera déposé au mois de juillet 2023. John Ray III, l’expert des faillites ayant pris la tête de FTX, avait déjà évoqué cette perspective en janvier dernier, estimant que le projet serait viable.
En résumé, deux solutions s’offrent désormais aux équipes de FTX. La première consiste à rembourser directement les sommes restantes aux utilisateurs. La seconde comprend la réouverture de l’exchange. Les clients lésés recevraient alors une part de la plate-forme en guise de compensation. Les fonds bloqués seraient ainsi convertis en actions, ce qui pourrait théoriquement permettre aux victimes de dégager des bénéfices.
Sur le papier, cette solution pourrait contribuer à réduire le trou dans la caisse, qui avoisine toujours les trois milliards de dollars. On se souviendra que Sam Bankman-Fried avait soulevé une idée analogue en décembre. Le prince déchu de la crypto avait conseillé à la nouvelle direction d’émettre une nouvelle devise numérique pour générer des bénéfices et rembourser ses clients.
Si cette seconde solution est privilégiée, l’exchange pourrait rouvrir ses portes dès l’année prochaine. Notez qu’à ce stade, aucune décision n’a encore été prise. De l’aveu d’Andy Dietderich, « il y a autant d’opinions à ce sujet, je pense, qu’il y a de professionnels impliqués dans l’affaire ». En évoquant publiquement la réouverture, les avocats semblent surtout prendre la température auprès du public.
Cette annonce a néanmoins donné un coup de fouet au cours du FTT, la cryptomonnaie émise par l’exchange. Créé 2019, le token utilitaire permettait de payer les frais de trading sur FTX et de profiter de rendements élevés en déposant des fonds. Il s’est effondré dans le sillage de la plate-forme. Peu après l’audience, le token s’est hissé au-delà des 2,30 dollars, en hausse de plus de 120 % en quelques heures. Il a même brièvement touché la barre des trois dollars… ce qui reste loin de son record de 84 dollars de septembre 2021, en plein marché haussier.
Une réputation définitivement ternie ?
De notre côté, on imagine mal comment un FTX 2.0 pourrait être couronné de succès. La réputation de l’exchange a été considérablement entachée par la faillite, les malversations de Sam Bankman-Fried, et une foule de révélations sur les coulisses de la société.
Par le biais de John Ray III et de ses équipes, nous avons notamment appris que le chaos régnait chez FTX. La firme n’avait pas de véritable service de comptabilité et ne protégeait pas les clés privées de ses clients. Par exemple, les enquêteurs ont découvert que les clés privées donnant accès à 100 millions de dollars en cryptomonnaies étaient stockées dans un fichier texte sur serveur… sans la moindre mesure de sécurité. Dans ces conditions, on a du mal à croire que des investisseurs voudraient confier leur argent à la plate-forme.
Source :
The Block