C’est un succès dont les artistes canadiens Drake et The Weeknd se seraient bien passés. Depuis le vendredi 14 avril, un clip musical posté sur le réseau TikTok connaît un succès remarquable. Intitulé Heart On My Sleeve, on y reconnaît les voix des deux chanteurs. La chanson fait référence à la chanteuse et actrice Selena Gomez, avec laquelle The Weeknd a entretenu une brève relation sentimentale.
Problème, aucune des deux stars n’a participé à l’enregistrement de ce titre. L’œuvre est le fruit d’une intelligence artificielle (IA), qui a réussi à imiter leur voix et leur style. Derrière ce tour de force, un seul nom apparaît : celui du pseudonyme utilisé par l’utilisateur de TikTok qui a publié la vidéo et se fait appeler Ghostwriter977. La vidéo a généré près de 10 millions de vues. Le titre a aussi été publié sur d’autres plates-formes (YouTube, Spotify), où il a été consulté plusieurs centaines de milliers de fois.
Cet épisode démontre que le secteur musical n’est pas à l’abri de la révolution des technologies d’IA générative, devenues célèbres avec le succès de logiciels tels que ChatGPT, capables de créer du texte en langage naturel, des images réalistes ou des lignes de code.
« Protéger nos droits et ceux de nos artistes »
Dans le secteur musical, l’intrusion de ces technologies pose la question du respect de la propriété intellectuelle. Face au succès remporté par Heart On My Sleeve, Universal Music Group (UMG), la maison de disques de Drake et de The Weeknd – deux poids lourds de son catalogue –, a rapidement réagi pour dénoncer « une violation de la loi sur le droit d’auteur », et obtenu le retrait en ligne de ces contenus.
L’épisode « soulève la question quant à quel côté de l’histoire les parties prenantes de l’écosystème musical veulent être », développe UMG. « Du côté des artistes, des fans et de l’expression créative humaine, ou du côté des contrefaçons, de la fraude et du déni aux artistes de leur juste rémunération. »
Le 12 avril, le Financial Times révélait déjà qu’UMG avait interpellé, en mars, les grandes plates-formes de musique en ligne (Spotify, Apple Music…) pour leur demander d’empêcher les services d’IA d’aspirer leur musique pour entraîner leurs algorithmes, menaçant : « Nous n’hésiterons pas à prendre des mesures pour protéger nos droits et ceux de nos artistes. »
Pour autant, l’utilisation de l’intelligence artificielle doit-elle être prohibée dans la musique ? Certaines voix s’élèvent déjà contre une position si radicale. A l’image du Français David Guetta, qui a utilisé un outil d’IA pour écrire une chanson dont les paroles reproduisaient le style du rappeur américain Eminem, et un autre qui permettait d’imiter sa voix. « C’était une plaisanterie au départ, mais ça marche tellement bien », s’est-il expliqué en février, tout en précisant bien que cette expérience n’avait aucune ambition commerciale.
Il vous reste 7.18% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.