La mégaproduction Starfield n’arrive qu’à la rentrée et l’attente semble interminable pour la Xbox et le Game Pass, tous deux exsangues en vraies exclusivités. A cet égard, Redfall (déjà disponible pour Xbox Series et PC), du studio Arkane Austin, sous la coupe de Microsoft, tombe à point nommé.
Nous voilà donc échoués sur les rives de l’île éponyme, bourgade insulaire au large du Massachusetts soudainement coupée du monde, plongée dans la pénombre par une mystérieuse éclipse éternelle et cannibalisée par des vampires qui ne manquent pas de traiter les malheureux locaux comme leurs quatre-heures. Si le ton désinvolte des personnages, parfois ad nauseam, rappelle Buffy contre les vampires, le cadre qui mélange éléments d’horreurs et quotidien américain évoque davantage l’imaginaire d’un Stephen King.
Balle des vampires
Comme pour Prey, le précédent titre du studio, nous avons affaire à du tir en vue subjective. Cependant, il décide ici de se départir d’une unique campagne solo en nous invitant, si on le souhaite, à rassembler une escouade d’amis pouvant compter jusqu’à quatre chasseurs.
En plus de leurs nombreuses pétoires, nos mercenaires bénéficient de capacités et de pouvoirs magiques divers et arpentent deux grandes zones ouvertes afin de réapprovisionner les survivants et neutraliser les menaces les plus pressantes. Entre nous et cette noble mission, les hordes de vampires et les humains fanatiques sont légion. Ces derniers se révèlent infiniment plus frêles, certes, mais également armés et organisés comme de véritables milices.
Or, en proposant ces affrontements conventionnels, Redfall ne se montre pas sous son meilleur jour et verse dans l’escarmouche des plus mondaines : observer de loin, prendre couverture et tirer à vue. On déplore de surcroît une intelligence artificielle qui ne brille pas par son sens du placement et des priorités. Il n’est ainsi pas rare de voir des fantassins débouler sans réfléchir dans notre ligne de mire ou qui s’empêtrent dans le battant d’une porte.
Manque de mordant
Heureusement, Redfall tire davantage son épingle du jeu au cours des affrontements contre les stryges et autres goules, qui font montre d’une agilité et de pouvoirs occultes bien plus dignes d’intérêt. Contre ces monstres bien plus coriaces, les balles suivies d’une baïonnette plantée en plein cœur peuvent faire l’affaire, mais rien ne vaut les lance-pieux artisanaux ou les canons à ultraviolet simulant les rayons du soleil.
Le joueur ne possédant qu’un nombre restreint d’armes immédiatement à disposition devra ainsi trancher : s’équiper contre les hommes ou contre le surnaturel. Un mauvais jugement à cet égard peut parfaitement faire tourner au vinaigre l’affrontement contre une liche récalcitrante ou un commando qui parvient à nous encercler.
Si Redfall se révèle plutôt agréable, a fortiori lorsqu’on joue à plusieurs, le titre ronronne et ne cherche pas spécialement à sortir de sa zone de confort. Le jeu semble presque à moitié fini, à moitié pensé, et l’étincelle décisive pour en faire une expérience réellement mordante lui fait défaut. Ses lacunes techniques et son manque de clarté dans ses indications le rendent même parfois agaçant. Néanmoins, inutile de bouder votre plaisir si votre âme de chasseur de vampires trépigne : vous ne passerez pas un si mauvais moment.
L’avis de Pixels :
On a aimé :
- les combats contre les vampires, plutôt pêchus et engageants ;
- l’ambiance crépusculaire, appuyée par certains panoramas avenants.
On a moins aimé :
- un manque général de soin, tant dans l’interface pas toujours claire que dans les performances techniques à la limite du passable ;
- tout ce qui touche à la narration, raté et dispensable ;
- un manque d’audace dans la proposition.
C’est plutôt pour vous, si :
- vous êtes du genre à dégommer les vampires, comme dans Une nuit en enfer.
Ce n’est plutôt pas pour vous, si :
- vous êtes du genre à flirter avec les vampires, comme dans Twilight.
La note de Pixels :
B – (comme le groupe sanguin).