Avec la montée des tensions entre les Etats-Unis et la Chine mais aussi la situation de pénurie qui a touché l’industrie des semi-conducteurs, la question de la relocalisation des moyens de production s’est posée avec plus d’acuité pour éviter les ruptures d’approvisionnement.
Comme d’autres zones géographiques, l’Europe a relancé une stratégie de création de sites de production de puces en gravure avancée sur son sol avec l’espoir d’attirer les grands fondeurs internationaux grâce au déblocage de fonds publics.
Première arrivée de TSMC en Europe ?
Le géant Intel a déjà répondu présent et annoncé la création de plusieurs sites en Allemagne et en Italie, même si des retards au lancement de la construction ont déjà émergé. En France, STMicroelectronics s’est associé à GlobalFoundries pour augmenter les capacités de son site grenoblois.
Le leader mondial de la fonderie, à savoir le groupe taiwanais TSMC, n’a pas encore annoncé de projets en ce sens sur le Vieux Continent…mais il y réfléchit. Selon Bloomberg, un projet d’usine est à l’étude avec une implantation possible dans le Land de Saxe, dans la partie Est de l’Allemagne.
TSMC n’irait pas seul et s’entourerait de plusieurs partenaires européens comme NXP Semiconductors, Bosch et Infineon Technologies pour former une coentreprise.
L’argent public, nerf des projets d’usine
Elle disposerait d’un budget d’au moins 7 milliards d’euros pour un projet d’implantation qui nécessitera sans doute autour de 10 milliards d’euros. Comme les autres projets de création d’usine, l’apport de fonds publics sera déterminant dans sa concrétisation et pourrait aller jusqu’à 40% du total.
L’Union européenne a validé un programme Chips Act doté de 42 milliards d’euros pour se redonner des moyens de production dans les semiconducteurs et le niveau de financement public est en train d’être décidé.
Pour autant, ce premier site européen de TSMC ne se concentrerait pas sur la gravure la plus fine. Le projet concernerait plutôt de la gravure en 28 nm pour des composants électroniques destinés au secteur automobile.
Il s’agirait donc plus dans un premier temps d’attirer le fondeur taiwanais en Europe, ce dernier ayant régulièrement affiché sa réticence et ayant souligné que sa gravure la plus fine (actuellement en 3 nm) restera à Taiwan pour des raisons géostratégiques.