Le Comité olympique international (CIO) va organiser une compétition de tir virtuel dans le jeu vidéo Fortnite, selon un communiqué publié vendredi 5 mai. L’événement se tiendra lors des phases finales de la semaine olympique e-sportive (Olympic Esports Week) de Singapour, organisé du 22 au 25 juin. Y participeront douze des meilleurs joueurs de Fortnite, sélectionnés au sein du championnat officiel Fortnite Champion Series, organisé par l’éditeur Epic Games.
La compétition ne ressemblera toutefois pas aux parties de Fortnite. Battle Royale – durant lesquelles cent joueurs s’affrontent sur une île jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’un seul – qui ont fait la célébrité de Fortnite depuis son intégration au jeu en 2017. Le CIO a en effet fait savoir qu’un niveau spécial allait être conçu dans le mode créatif de Fortnite, en partenariat avec la fédération internationale de tir, pour que les parties y ressemblent à un tournoi de sport classique : « Les joueurs verront leur précision mise à l’épreuve sur des cibles, comme les sportifs durant les compétitions. » Les joueurs ne risquent donc pas de pouvoir utiliser les étonnants pouvoirs de construction de bâtiment qui pimentent les parties.
« Fortnite » revu et corrigé
Pourquoi adapter ainsi l’un des jeux vidéo de tir les plus pratiqués au monde ? « Les jeux dans lesquels on se tue sont, de notre point de vue, contradictoires avec les valeurs olympiques et ne peuvent pas être acceptés [par le CIO] », avait déclaré en 2018 Thomas Bach, le président du CIO. L’organisation n’opte ainsi que pour des jeux qui simulent des disciplines sportives.
Avant que soit ajouté Fortnite, neuf jeux figuraient déjà au programme de la compétition de Singapour. Quelques-uns sont réputés, par exemple Gran Turismo de Sony pour la course automobile, Just Dance d’Ubisoft pour la danse, Chess.com pour les échecs, Zwift pour le cyclisme ou même Virtual Regatta pour la voile. D’autres sont plus obscurs, comme le jeu mobile Tic Tac Bow pour le tir à l’arc, le jeu Tennis Clash pour le tennis ou WBSC eBaseball, pour ce sport.
Les titres sélectionnés par le CIO ne reflètent donc pas vraiment ceux qui sont les plus appréciés par les amateurs d’e-sport. Les célèbres Counter Strike : Global Offensive, League of Legends, Rocket League ou encore DOTA 2 ont été écartés, car ils n’ont rien à voir avec des disciplines proposées aux Jeux olympiques.
« Passerelle » entre l’olympisme et l’e-sport
Plus étonnant encore : les simulations sportives choisies par le CIO ne font pas partie de celles qui ont le plus grand succès commercial dans l’industrie du jeu vidéo, à l’exception de Gran Turismo. Par exemple, nulle trace de football (FIFA, eFootball), de basketball (NBA 2K) ou même de skateboard (Tony Hawk’s Pro Skater, Skate) dans le planning des prochains événements de sport électronique arborant les anneaux olympiques.
Aucune raison officielle n’est invoquée pour justifier ces choix. Mais la plus probable serait que le CIO n’ait pas trouvé de terrain d’entente avec les entreprises de l’industrie vidéoludique, telles que Take-Two Interactive (NBA 2K), Electronic Arts (FIFA, Skate) ou Activision Blizzard (Tony Hawk’s Pro Skater), qui éditent ces licences très prisées.
La semaine olympique e-sport, lancée en 2021 juste avant les jeux olympiques de Tokyo, est un événement né de la volonté du CIO de faire une « passerelle » entre l’olympisme et le sport électronique pour toucher un nouveau public. Avec le jeu de tir d’Epic, le comité s’assure ainsi une nouvelle tête d’affiche pour ses compétitions de sport électronique : Fortnite comptait 350 millions d’adeptes dans le monde en 2020, selon les chiffres de l’éditeur.
En janvier, la ministre des sports, Amélie Oudéa-Castéra, a fait savoir que la France, organisatrice des JO de 2024, serait candidate pour recevoir la prochaine semaine olympique e-sport, si l’événement était reconduit l’année prochaine.