Le commissaire européen au marché intérieur Thierry Breton a annoncé, vendredi 26 mai, que Twitter se retirait du « code de bonnes pratiques » de l’Union européenne (UE) en matière de désinformation en ligne, un accord regroupant les principales plates-formes sur une base volontaire.
Il a toutefois ajouté que l’« obligation » de Twitter demeurait, en référence aux nouvelles règles numériques strictes de l’UE qui entreront en vigueur au mois d’août.
« Vous pouvez courir, mais vous ne pouvez pas vous cacher », a écrit M. Breton en annonçant la décision de Twitter sur son propre compte.
Lancé en 2018, ce code européen de bonnes pratiques regroupe une trentaine de signataires, des groupes comme Meta, Google, Twitter, Microsoft, TikTok, mais aussi de plus petites plates-formes, ainsi que des professionnels de la publicité, des fact-checkeurs et des organisations non gouvernementales (ONG). Les signataires ont eux-mêmes participé à la rédaction du texte, qui contient une quarantaine d’engagements visant notamment à mieux coopérer avec les fact-checkeurs et à priver de publicité les sites diffusant des infox.
Des rapports lacunaires
Depuis qu’il a acheté Twitter il y a six mois, le milliardaire Elon Musk a assoupli la modération des contenus problématiques, et semble avoir amplifié la voix de propagateurs notoires de désinformation sur la plate-forme. Twitter a expliqué préférer faire appel à sa propre communauté d’internautes plutôt qu’à des fact-checkeurs, a fait savoir une source européenne. Jusque-là, le réseau social ne fournissait que peu d’efforts pour respecter ce code de bonne conduite, ces rapports sur la désinformation étant très lacunaires.
« Si [Elon Musk] n’est pas sérieux sur le code, c’est peut-être mieux qu’il le quitte », a commenté dans la semaine un responsable à la Commission européenne, contacté par l’Agence France-Presse (AFP) alors que la rumeur se répandait déjà. L’adhésion au code reste volontaire, en revanche « on ne peut pas se soustraire au DSA », la nouvelle loi sur les services numériques entrée en vigueur à la mi-novembre dans l’UE, a-t-il ajouté.
Le DSA contraint les plates-formes à déployer des efforts pour « réduire les risques » de désinformation et prévoit des amendes pouvant aller jusqu’à 6 % de leur chiffre d’affaires mondial si elles violent les règles sur les contenus illégaux. Elles pourraient même être interdites d’opérer au sein de l’Union européenne si leurs infractions venaient à se répéter. « Nos équipes seront prêtes à faire appliquer la loi », a affirmé Thierry Breton, dans son tweet.
La crainte d’un manque de personnel
A la fin d’avril, la vice-présidente de la Commission européenne chargée de la transparence, Vera Jourova, avait déclaré se sentir « de plus en plus mal à l’aise sur Twitter » en raison de la propagande russe sur cette plate-forme. Elle s’était aussi inquiétée de voir Twitter manquer de personnel dévolu à la lutte contre la désinformation, après les licenciements massifs opérés par M. Musk.
Contacté, le service de presse de la firme installée à San Francisco (Californie) a répondu de manière automatisée, comme il le fait pour la plupart des demandes de renseignements, et n’a pas fait de commentaires.