Les fréquences 5G sont attribuées et les opérateurs se préparent à appuyer sur le bouton pour activer la 5G sur leur réseau à partir du 18 novembre. Cette activation est juste « officielle » et à plus grande échelle, puisque des autorisations avaient été données pour des zones pilotes. Orange a annoncé qu’il sera là, dès le premier jour de l’ouverture, et Free regarde s’il peut à nouveau mutualiser son réseau avec Orange.
Car maintenant, il va falloir amortir les plus de 2 milliards de la licence versée à l’Etat pour exploiter pendant 15 ans les fréquences libérées, mais surtout les autres milliards d’investissements pour mettre à jour les réseaux. On entre donc dans une phase de ROI – retour sur investissement – pour les opérateurs, mais aussi pour les utilisateurs, grand public ou entreprises et les collectivités.
Pour le grand public, la question est moins la rentabilité économique des usages, que leur rentabilité environnementale.
De nombreuses voix se lèvent, dont les élus sur certains territoires, pour dénoncer des usages « futiles » car leur bénéfice est largement inférieur à l’impact environnemental engendré. On cite en boucle dans les médias la vidéo-X en 4K regardée dans un ascenseur depuis un smartphone avec un petit écran… Une loi est d’ailleurs en préparation pour rendre le numérique plus responsable (voir L’informatique peut-elle être durable ?), qui, à défaut de résoudre quoi que ce soit, permettra au moins de poser un débat démocratique dans ce qui était jusque-là un plan de déploiement technologique, voir technocratique.
Ce qui fait dire à GreenSI que le déploiement, rapide et massif, de la 5G à l’échelle du territoire national est certainement devenu un mythe…
On est donc parti pour un déploiement progressif, à la fois sur les territoires et sur les performances (débit, latence, connexion massive d’objets, …), ce qui prendra plusieurs années en France (3 à 5 ans ?). Dans l’ordre, le débit arrivera en premier, puis la faible latence et enfin quand les infrastructures le supporteront, la capacité à gérer jusqu’à 1 million d’objets par km2.
Dans ce contexte, pour les entreprises, la question est donc de savoir quels usages exploiter en premier sans attendre un régime de croisière plus lointain. Car la 5G est une technologie de rupture (voir ce billet), elle demande une transformation des modes de fonctionnement, voir des métiers, pour être exploitée à son plein potentiel. Elle doit surtout amener quelque chose de plus par rapport aux autres réseaux déjà existants (4G, Wifi, Nb-IoT) et déjà compatibles avec de multiples terminaux qu’il faudrait changer.
La 4G sera encore, pour de nombreuses années, le réseau mobile par défaut, car comme on l’a vu, la 5G ne sera pas disponible immédiatement sur tout le territoire et dans toutes ses fonctionnalités. Il est aussi illusoire de croire que la 5G couvrira les zones 4G non couvertes, qui ne sont déjà pas rentables pour les opérateurs. Les usages à faible consommation d’énergie vont eux être préemptés par le Nb-IoT, et les réseaux actuels comme Lora ou Wize. Le besoin de débit sur des espaces limités sera préempté par le Wifi et son évolution Wi-Fi, 6 déjà à l’approche aux États-Unis. Le Wifi haut débit est aussi beaucoup plus responsable que le réseau 4G sur le plan environnemental.
Pour GreenSI, il reste donc à la 5G le haut débit en mobilité, et sa faible latence, qui sont ses caractéristiques au-dessus de tous les autres réseaux. Cela ne veut pas dire qu’elle ne pourra pas occuper d’autres terrains de jeu, mais arrivé au ROI, il sera plus difficile de justifier un bénéfice marginal contre un réseau et des équipements existant. Alors tant qu’a se lancer, autant privilégier la création de valeur.
Sur ces usages de haut débit mobile et de faible latence, la 5G va rencontrer le monde industriel. Ne l’imaginez donc pas qu’avec un smartphone, mais aussi avec un objet connecté, en temps réel, qui pourra si besoin nous envoyer un flux de données/vidéo. Certains objets seront pilotables à distance. Toute machine dans une usine peut répondre à ces critères.
Dans ce contexte, outre les opérateurs, ceux qui tireront profit en premier de la 5G seront ceux qui imagineront et produiront ces objets « 5G ready » qui permettront d’agir à distance. On pense aux fabricants de module 5G à intégrer aux objets et machines, ou d’objets industriels déjà connectés qui seront adaptés à la 5G.
Mais attention, GreenSI ne croit pas aux objets 5G non pilotés par des humains, comme la voiture autonome. La voiture autonome n’a pas besoin de la 5G et Tesla la démontré à grande échelle. Heureusement, puisque comme on l’a vu on aura pas de continuité territoriale du réseau 5G avant de nombreuses années. La presse reprend pourtant parfois cette croyance véhiculée par le marketing de quelques acteurs, qui voyaient peut-être à 10 ou 20 ans.
C’est donc dans l’industrie 4.0, qu’il faudra aller chercher la majorité des premiers usages pertinents de la 5G.
A la croisée de la mobilité et du pilotage temps réel, GreenSI est allé creuser l’idée d’un drone autonome qui permet à son opérateur de ne pas avoir à se rendre sur un site, mais de pouvoir agir à distance. Dans les exemples ci-après, ce drone peut être un drone volant, mais il peut être également un engin de chantier, ou pourquoi pas un drone aquatique.
Dans le cas du drone volant, l’intérêt est par exemple de pouvoir, suite à une alarme émanant du site, « réveiller » un drone sur ce site industriel pour procéder à une levée de doute visuelle permettant de décider d’envoyer ou non une équipe. On peut ainsi en multipliant les drones sur des sites, envisager une surveillance centralisée, sans renoncer à garder un contact visuel et sonore avec chaque site. Cette vidéo montre les caractéristiques de drones « 5G ready » déjà commercialisés. Une autre possibilité est quand le drone peut arriver plus vite que l’équipe d’intervention, notamment en environnement urbain dense. C’est déjà le cas à Monaco, où la 5G est déployée, avec le cas d’usage de la sécurité civile.
Dans le cas de l’engin de chantier (vidéo), l’intérêt est, dans les exemples rencontrés, de renforcer la sécurité des conducteurs, qui peuvent conduire les engins à distance. La mine ou le port de marchandises sont des terrains de jeu propices à ces usages. On peut également imaginer une nouvelle forme d’organisation du travail, avec des plateformes centralisées, que rejoignent les chauffeurs pour réaliser des opérations dangereuses ou techniques.
Dans les deux cas on voit que les métiers évoluent et permettent de s’affranchir, pour certaines actions, de la barrière de la distance. La question du déploiement de la 5G pour l’entreprise est donc bien celle d’une transformation numérique, rendue possible par un mixe entre hardware et software, connecté avec les nouvelles caractéristiques de la 5G. Dans l’industrie c’est ce que l’on met derrière l’appélation Industrie 4.0.
Pour l’opérateur de télécoms, le fait que la 5G n’a besoin d’être disponible que sur le site industriel, et pas sur tout le territoire autour du site, ouvre une autre approche plus sélective pour le déploiement du réseau. Une approche qui permet d’intégrer les usages potentiels, leur valorisation par des entreprises, et donc la capacité à vendre plus de trafic 5G localement en limitant les investissements.
Pour GreenSI, la 5G sera donc certainement un marché de « niches » dans les prochaines années.
Si vous voulez en explorer les bénéfices, ne l’imaginez pas disponible partout, pensez objets connectés et mobilité, et trouvez les cas d’usages de vos métiers à cette intersection. Pour décider de les engager dans un contexte 2021 de réduction des budgets SI, c’est bien par le volet transformation et retour sur investissement qu’il faudra les prioriser.
Alors bonne chasse aux usages!
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