Viginum pointe le rôle de la Russie dans une campagne de désinformation

Cinq ingérences numériques étrangères détectées durant les élections par Viginum


Près de deux ans après sa création, Viginum, la nouvelle agence chargée de la lutte contre la désinformation, vient de lancer son premier scud. Le Quai d’Orsay et le secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN), sa tutelle, viennent en effet de dénoncer une campagne de manipulation attribuée à la Russie ou à des organisations affiliées.


La nouvelle agence dirigée par Gabriel Ferriol avait bien signalé dans son premier rapport d’activité avoir détecté cinq ingérences numériques étrangères lors des élections présidentielle et législatives, mais aucun pays n’avait été encore pointé du doigt. Mardi 13 juin, l’administration française a été plus directe en accusant nommément Moscou de tenter d’amplifier de fausses informations.


Stratégie hybride

C’est “une nouvelle illustration de la stratégie hybride que la Russie met en œuvre pour saper les conditions d’un débat démocratique apaisé et donc porter atteinte à nos institutions démocratiques”, a déploré dans un communiqué Catherine Colonna, la ministre de l’Europe et des affaires étrangères.



Plus précisément, l’administration française a pointé le rôle trouble d’un média, Reliable Recent News (RRN) – en français les nouvelles fraîches fiables. Ce dernier s’appuie, expliquent les autorités françaises, sur le typosquatting et l’usurpation de titres de médias pour discréditer le soutien occidental à l’Ukraine.

355 noms de domaines typosquattés

En tout, Viginum a identifié 355 noms de domaines, dont quatre visent les lecteurs francophones avec des faux sites de 20 Minutes, du Monde, du Parisien et du Figaro. Mais l’agence a également repéré un typosquatting au détriment du ministère des Affaires étrangères français, la création de faux médias diffusant des contenus pro-russes, ou encore la création d’environ 200 comptes sur Facebook à usage unique destinés à relayer ces contenus.



Cette manœuvre avait été attribuée par Meta à la mi-décembre 2022 à deux entreprises russes de marketing numérique, ASP et Struktura, dirigées par Ilya Andreevitch Gambachidze, un “stratège politique moscovite renommé”, selon Viginum. Plusieurs rapports avaient déjà pointé le rôle de ce réseau d’influence russe baptisé Doppelganger, sosie en allemand.



Contournement

Cette dénonciation avait visiblement poussé les créateurs de nouvelles bidonnées à changer de tactique, en mettant en place un réseau de plus de 160 pages Facebook, ou plus récemment, un réseau de bots twitter, une façon de contourner “les mesures prises à son encontre”.



“Malgré différentes expositions publiques par des acteurs de la société civile et de nombreuses mesures de modération prises par le groupe Meta et par Twitter”, la campagne “demeure toujours active”, déplore ainsi Viginum. Un constat d’échec qui explique sans doute cette mise à l’index, une façon de perturber les manœuvres adverses en les dévoilant au grand jour.



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