La Commission européenne a estimé jeudi 15 juin que les fournisseurs chinois d’équipements télécoms Huawei et ZTE représentaient un risque pour la sécurité de l’Union européenne (UE) et a annoncé qu’en conséquence elle ne souscrirait plus de services de téléphonie mobile s’appuyant sur les matériels de ces entreprises.
Le commissaire au marché intérieur, Thierry Breton, a appelé les vingt-sept pays membres et les opérateurs télécoms à exclure ces équipements de leurs réseaux mobiles. « Nous ne pouvons pas nous permettre de maintenir des dépendances qui pourraient devenir des armes contre nos intérêts. Ce serait un trop grand risque pour notre sécurité commune », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à Bruxelles.
L’exécutif européen a estimé dans un communiqué que Huawei et ZTE « représentaient des risques matériellement plus élevés que d’autres fournisseurs de 5G ». La Commission a ajouté qu’elle allait « prendre les mesures de sécurité nécessaires pour ne pas acquérir de nouveaux services de connectivité reposant sur les équipements de ces fournisseurs ».
Un « risque de sécurité majeur »
L’Europe est sous pression des Etats-Unis pour exclure ces entreprises chinoises accusées de permettre des activités d’espionnage pour le compte de Pékin. Washington a déjà interdit la vente d’équipements de cinq fournisseurs chinois, dont Huawei et ZTE. Des interdictions pour la fourniture d’équipements 5G ont également déjà été prises au Royaume-Uni et au Canada, mais les pays européens sont divisés sur l’approche à adopter.
Dans une « boîte à outils » de janvier 2020, les Etats membres et la Commission avaient formulé des recommandations destinées à prémunir les réseaux 5G dans l’UE des risques d’espionnage ou de sabotage. Ces mesures n’ont cependant aucune force juridique contraignante et les fournisseurs à haut risque n’y sont pas nommés. Ces derniers sont définis comme les équipementiers susceptibles d’être soumis à l’ingérence d’un pays tiers, par exemple en raison de l’existence d’un lien étroit avec le gouvernement de ce pays ou de la législation du pays, et le risque qu’ils le soient est d’autant plus important lorsque aucun accord sur la protection des données n’a été conclu avec l’UE.
Trois ans après, vingt-quatre des vingt-sept Etats membres de l’UE ont transposé les recommandations de la boîte à outils dans leur législation nationale. « A ce jour, seuls dix d’entre eux ont utilisé ces prérogatives pour restreindre ou exclure des fournisseurs à haut risque. C’est trop lent, et cela pose un risque de sécurité majeur et expose la sécurité collective de l’Union », a estimé Thierry Breton.