Pour la première fois en France, une enquête initiée par le Cas d’étude pour un immersif responsable (Cepir) et financée par l’Etat a tenté de rendre compte de l’empreinte environnementale de la réalité virtuelle. La restitution préliminaire du lundi 26 juin a mis en évidence le coût écologique de la fabrication des casques. Les résultats définitifs sont attendus en fin d’année.
De plus en plus d’acteurs cherchent à concilier préoccupations environnementales et développement de la réalité virtuelle. Le jeu RecyclageVR par exemple, qui permet aux participants de s’immerger dans l’univers du tri sélectif, ou celui en cours de développement au sein de l’Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique (Inria), qui dévoile le revers de nos choix alimentaires, partagent le même objectif : tenter d’infléchir nos comportements climaticides. En nous faisant vivre des expériences « comme si on y était », ces casques, ou grosses lunettes, nous permettraient, en plus de nous sensibiliser efficacement, d’éviter des déplacements et donc de freiner nos émissions de gaz à effet de serre.
« Beaucoup d’informations sont très abstraites et difficiles à saisir. On s’est donc demandé comment on pouvait rendre les informations plus pédagogiques, expose Martin Hachet, directeur de recherche à l’Inria sur les interactions entre les humains et les machines. Par exemple, on peut montrer tout ce qu’on ne voit pas d’habitude sur notre alimentation : les émissions de gaz à effet de serre, le sacrifice des forêts utilisées pour planter du soja, les transports… » Par l’expérience sensible, les chercheurs tentent d’aider l’usager à passer à l’action et à réduire son empreinte carbone. D’autres projets, développés pour le secteur de la santé ou de l’ingénierie, poursuivent également des fins saluées comme utiles.
« Utiliser un canon pour tuer une mouche »
« C’est le fait de ressentir la chaleur des canicules et de voir les effets de la sécheresse qui nous font prendre conscience du problème », estime pour sa part Frédéric Bordage, expert indépendant en sobriété numérique et créateur du collectif Green IT, pour qui la prise de conscience des changements en cours peut passer par d’autres moyens, plus traditionnels. L’économie des déplacements induite par l’usage des casques de réalité virtuelle ne convainc pas non plus le consultant en sobriété. « Tant que cette idée n’aura pas été démontrée sur une base scientifique et partagée par tous, ce n’est pas un argument », affirme-t-il.
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