L’Hexagone ne réduit pas ses émissions de gaz à effet de serre assez vite et c’est un vrai problème pour le Haut Conseil pour le Climat (HCC) qui vient de publier son rapport annuel dont le titre « Acter l’urgence, engager les moyens » donne déjà le ton.
L’année 2022, avec ses épisodes de sécheresse, de feux de forêt géants mais aussi d’inondations, est déjà un coup de semonce pour ce qui se prépare, non pas dans des décennies mais d’ici quelques années.
Après une hausse des températures de +1,9 degré sur la dernière décennie, bien au-delà de la moyenne mondiale de +1,15 degré, un réchauffement de 2 degrés dès 2030 est quasiment incontournable.
Déjà, le gouvernement commence à entrevoir un avenir avec un hausse de +4 degrés d’ici 2100 qui transformera profondément le pays. Ce n’est encore qu’un scénario du pire mais il est désormais sur la table.
2022, la norme pour la deuxième moitié du siècle
Or, ce qui s’est passé en 2022, avec une sécheresse historique impactant durement les écosystèmes, des affaiblissements de rendement dans l’agriculture, une eau potable devenue rare et des surmortalités, sera la nouvelle normalité d’ici 2050.
Le HCC constate que la France a eu du mal à gérer une situation « excédant la capacité de prévention et de gestion de crises actuelle » et ce « malgré un engagement exceptionnel de moyens de gestion de crise« .
Il y a donc urgence à renforcer notre capacité de réaction et d’adaption au changement climatique tout en poursuivant l’effort de décarbonation. Sur ce point, le HCC note que le pays a réduit ses émissions de 2,7% en 2022 (et surtout grâce à un hiver très doux) mais cela reste tout à fait insuffisant pour tenir les objectifs climatiques de 2030 qui prévoient une baisse de 40% par rapport aux niveaux de 1990…et par rapport aux 55% de réduction voulus par Bruxelles.
Des paroles et de la volonté mais pas assez de financement
Le Haut Conseil demande donc une politique plus engagée « permettant de déclencher l’accélération nécessaire » avec des financements publics-privés estimés à 30 milliards d’euros par an, afin d’accélérer la décarbonation des secteurs, notamment du transport et de l’industrie.
Mais cet effort ne doit pas rester que d’ampleur nationale et l’Union Européenne ne doit pas se limiter à imposer des réglementations et des plafonds sans fournir de moyens pour y parvenir. Or, la Cour des comptes européenne vient de relever que l’initiative Fit for 55 (55% de réduction des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030) est plutôt mal engagé avec un gros déficit de financement…