Quand les stars du porno débarquent sur Twitch

Quand les stars du porno débarquent sur Twitch


Eva Elfie a pour habitude de faire sensation sur Internet. Star russe du porno amateur, elle figure, à seulement 23 ans, parmi les actrices les plus populaires de l’industrie du X, forte notamment d’une présence active sur les réseaux sociaux. Mais, en mai, lorsqu’elle se lance officiellement sur la plate-forme de streaming Twitch, la jeune femme se heurte à de nombreuses réactions négatives d’internautes. « Twitch, c’est pour le gaming, pas pour toi », peste en anglais l’un d’eux sur Instagram.

Eva Elfie est aujourd’hui pourtant loin d’être l’unique streameuse à ne pas être issue du milieu du jeu vidéo. Elle n’est pas non plus la seule actrice porno à avoir investi la plate-forme d’Amazon. Depuis plusieurs années, en particulier depuis le début de la pandémie de Covid-19, de très nombreux représentants de la pornographie se sont essayés au direct, réunissant parfois plusieurs centaines de milliers d’abonnés et proposant quotidiennement des contenus divers, loin des clichés sur leurs métiers d’origine.

Jeux vidéo, radios libres et « tractopelles »

Manuel Ferrara est de ceux-là. Depuis la ville de Los Angeles, où il vit depuis une vingtaine d’années, le Français diffuse lui aussi quotidiennement sur Twitch, et ce depuis 2016. « J’ai une grande variété de streams, détaille-t-il au Monde. Je fais du gaming, du react [pratique qui consiste à filmer ses réactions à un contenu], des entraînements de basket-ball ou de tennis, des radios libres et j’ai une émission dans laquelle je parle de MMA [arts martiaux mixtes] le dimanche. » Suivi par près d’un demi-million d’internautes, principalement français, l’acteur et producteur est souvent questionné par l’intermédiaire du tchat sur son métier et sa sexualité. « J’essaie d’expliquer que la pornographie est purement une performance. »

Un avis que partage Khalamité, travailleuse du sexe de 25 ans, mais qu’elle refuse souvent d’évoquer sur Twitch, où elle est en live plusieurs fois par semaine depuis plus de trois ans. Non pas par crainte de la modération stricte de la plate-forme mais parce qu’elle veut à tout prix « séparer les deux » activités qui l’occupent au quotidien. « Je ne fais aucune promotion de mon travail et, quand on me pose des questions à ce sujet, je réponds que je conduis des tractopelles », sourit la Française.

Son expérience en tant que camgirl – activité qui consiste à diffuser du contenu sexuel en direct par l’intermédiaire d’une webcam – sur des sites Web spécialisés l’aide beaucoup : « J’ai déjà tout le matériel vidéo, je n’ai pas besoin de changer la lumière et c’est de la prise de parole en public. Il faut intéresser et amuser les gens, on est des clowns dans les deux cas. » Si elle se montre avant tout en train de jouer à League of Legends entre amies ou avec des spectateurs sur Twitch, Khalamité fait également des directs sur la plate-forme chinoise TikTok. Elle y peint des figurines en tout genre et s’autorise, de temps à autre, à répondre « subtilement » aux questions de ses viewers. Objectifs : les « éduquer » concernant son métier, mais aussi faire la promotion de ses contenus adultes payants.

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