Angélique Walsh, 30 ans, vient de trouver un nouvel emploi de secrétaire de direction chez Malpac, une entreprise de services financiers. Son ancien poste à la plate-forme pour véhicules connectés Autonomic, installée dans le Michigan, venait d’être supprimé. « Un certain nombre de tâches ont disparu, dit-elle. Les programmes d’intelligence artificielle ChatGPT, Calendly… nous remplacent. » Et la concurrence sur les postes encore disponibles est brutale. « Là où j’ai postulé, nous étions 5 000 candidates pour une seule offre », se souvient-elle.
Avec ses neuf ans d’expérience, elle a fini par l’emporter. Mais il a fallu s’adapter aux nouvelles conditions du métier. Elle n’a pas de relation exclusive avec un seul dirigeant, mais travaille avec deux patrons, et doit parfois aider l’ensemble de l’équipe.
L’image de la fidèle secrétaire de direction des années 1960, caricaturée dans la série télé Mad Men, s’est brouillée. Celle qui connaissait mieux son patron que sa propre femme n’est plus. La personne qui occupe ce poste répond aujourd’hui à plusieurs directeurs. Et elle se fait de plus en plus rare. Selon le Bureau of Labor Statistics, l’Insee américain, leur nombre s’est réduit de 63 % de l’an 2000 à 2021, passant à 508 000 personnes. Et devrait encore baisser d’ici à 2031. L’agence statistique prévoit un déclin de 20,2 % du nombre de secrétaires et d’assistants administratifs de direction, soit 102 600 disparitions de poste de 2021 à 2031.
Réductions de coûts
Eliza Forsythe, professeure à l’école Travail et emploi de l’université de l’Illinois Urbana-Champaign, a suivi l’évolution des pink collars, celles qu’on appelle les « cols roses », car la profession est à 70 % féminine.
Désormais, « les tâches sont automatisées, dit-elle. Les nouveaux cadres gèrent eux-mêmes leurs déplacements et leur correspondance. » Et les secrétaires de direction toujours en place ont des fonctions moins administratives. « Elles ont fait des études supérieures, ajoute Mme Forsythe. Et leurs missions sont plus complexes, plus intellectuelles. »
Lorsqu’un directeur financier cherche à réduire ses coûts, « l’assistante est une cible populaire », assure Ash Wendt, président de l’agence de recrutement Cowen Partners Executive Search. « Dans l’ancienne configuration, le prestige du dirigeant était lié à la taille de son équipe et à la dévotion de sa secrétaire particulière. » Mais aujourd’hui, l’assistante qu’on se partage entre plusieurs cadres a été renvoyée dans l’open space, « sur un petit espace », avec le reste du commun des mortels. Jerry Maginnis, un ancien associé chez KPMG, maintenant auteur et consultant, a vu le métier évoluer : « Les jeunes cadres sont autosuffisants, ils ont grandi avec la technologie, remarque-t-il. Pour le maintien de leur calendrier et les tâches minutieuses du quotidien, ils n’ont plus besoin d’une assistante. »
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