L’échec de la mission Chandrayaan-2, avec le crash de l’atterrisseur lunaire en 2019, a été un coup dur pour les ambitions indienne en matière de conquête spatiale.
Mais il en fallait plus pour arrêter le pays dans sa volonté de briller au-delà de la Terre et plus particulièrement sur la Lune. Assez rapidement, le pays avait annoncé une mission Chandrayaan-3 avec le même objectif de faire alunir en douceur un atterrisseur et de déployer un rover.
La mission doit décoller ce 14 juillet 2023 et faire de l’Inde le quatrième pays à réaliser ce type de mission, après les Etats-Unis, l’Union Soviétique et la Chine. Elle est supervisée par l’agence spatiale indienne ISRO et représente un budget équivalent à 73 millions de dollars.
La nouveauté du pôle sud lunaire
Pour apporter un peu de nouveauté à la mission, la zone d’arrivée de l’atterrisseur se situera au niveau du pôle sud lunaire et le rover y sera déployé pour réaliser des mesures…et chercher des traces de glace d’eau dans les cratères toujours à l’ombre.
L’ISRO espère bien mettre en évidence cette ressource et étudier la composition géologique du site, très différente des autres zones d’alunissage précédentes. Outre le volet scientifique, la réussite de la mission serait un formidable catalyseur pour les ambitions et la renommée indiennes.
La mission Chandrayaan-3 se déroulera en plusieurs étapes. D’abord, le lancement à bord d’un lanceur de trois étages pour atteindre une orbite d’attente à 36 500 km. Ensuite rapprocher l’atterrisseur jusqu’à 100 km de la Lune grâce à un module de propulsion qui servira ensuite d’orbiteur. Enfin assurer l’alunissage de l’atterrisseur Vikram de 1,75 tonnes porteur du rover.
Intérêt scientifique et symbolique
Ce dernier, baptisé Pragyan, de 26 Kg et doté de 6 roues, pourra évoluer à la surface de la Lune durant 14 jours terrestres. Les ingénieurs indiens ont passé en revue les paramètres de vol de la mission précédente, dont l’échec a été attribué à une erreur logicielle qui n’a pas permis de freiner suffisamment la descente, et réalisé des modifications tant dans le software que dans le matériel.
Le module de propulsion qui aura amené l’atterrisseur de la Terre à la Lune servira de relais de communication et est lui-même doté d’instruments de mesure étudiant la polarisation de la lumière réfléchie par la Terre, ce qui pourra servir de référence pour trouver des exoplanètes similaires.
L’atterrisseur étudiera la chimie et la température de surface et restera à l’écoute d’éventuels séismes. Réalisées pour la première fois au niveau du pôle (au lieu de la zone équatoriale où ont atterri les précédentes missions), ces mesures devraient compléter les connaissances sur notre satellite naturel et contribuer à définir des sites propices pour une occupation lunaire de long terme.