Les batteries pèsent lourd dans les véhicules électriques et augmenter leur capacité pour améliorer l’autonomie n’est finalement qu’un pis-aller au regard des contraintes que cela occasionne.
Il faut aussi des bornes de charge toujours plus puissantes pour délivrer suffisamment de courant afin de recharger les batteries sans y passer la journée et avec un maillage serré pour éviter l’angoisse de la panne électrique.
Mais d’autres solutions peuvent être imaginées pour l’avenir du véhicule électrique et l’une d’elle passe par une recharge directe tout en roulant sur des voies aménagées permettant une charge par induction.
Le sujet est à l’étude depuis plusieurs années et le groupe Vinci va le mettre à l’épreuve du réel en menant une expérimentation sur l’autoroute A10. En installant des bobines magnétiques sous le revêtement de l’autoroute et un rail d’alimentation au niveau du bitume, il sera possible de charger les batteries des véhicules par induction, constituant une véritable route ou autoroute électrique offrant plusieurs avantages.
Réduire la taille des batteries et le nombre de bornes
Avec un tel dispositif, il sera moins nécessaire de s’arrêter aux bornes de charge qui peuvent être encombrées dans les périodes de fort trafic. On peut également imaginer des véhicules utilisant des batteries électriques plus compactes puisque la question de l’autonomie sera moins problématique en permettant une charge au moins partielle tout en roulant.
Cela pourrait contribuer à réduire la demande en métaux stratégiques et terres rares actuellement nécessaires pour produire les batteries et limiter une dangereuse dépendance qui pourrait se transformer en aliénation.
Les routes électriques pourraient réduire de plus de 60% l’autonomie nécessaire et le financement des infrastructures pourrait justement être trouvé dans les économies réalisées sur l’achat des matières premières et la production des batteries.
Et ici, pas besoin d’arrêt ou de vitesse limitée, la solution sera conçue pour recharger avec un véhicule en déplacement rapide. Ce sera tout l’objet de l’évaluation des solutions menée par Vinci avant d’imaginer pouvoir les déployer à grande échelle.
L’expérimentation sera menée durant trois ans et entre dans le cadre du programme France 2030 avec le soutien de la BPI (Banque Publique d’Investissement).
Différentes solutions techniques à l’étude
Un premier essai sera mené sur piste fermée à Rouen en septembre 2023 sur piste fermée, avant une installation sur une section de quatre kilomètres avant la barrière de péage de Saint-Arnoult-en-Yvelines qui ne fonctionnera qu’avec des véhicules compatibles.
Un autre système, rappelant celui des tramways avec un dispositif rétractable (frotteur), sera également testé sur l’Autoroute du Mont-Blanc. Si les tests sont concluants, les poids lourds seront les premiers à en bénéficier avant d’étendre le dispositif aux voitures particulières.
Une solution par caténaire, réservée aux camions et fonctionnant un peu comme pour le train, est également à l’étude en Allemagne mais présente un certain nombre de contraintes (pylônes à installer, sécurité électrique des installations…).
Ce sont autant d’innovations qui permettront de moins dépendre du diesel dans les transports, notamment de fret, sans dégrader les performances et les conditions d’exploitation des camions et sans devoir s’appuyer sur de massives infrastructures de bornes de recharge.
Mais il faudra tout de même améliorer l’efficience énergétique des systèmes de recharge par induction et régler un certain nombre d’obstacles techniques (encrassage du rail d’alimentation, danger pour les deux roues, fonctionnement par tout temps…) avant de pouvoir espérer les généraliser.