Des « fiottes » et des « trans » qui sont autant de « fins de race » ; un gouvernement composé de « LGBT qui n’assument pas » ; une image d’un tank repeint en rose pour figurer « Macron et son armée » ; des photomontages dénigrant la députée écologiste de Paris Sandrine Rousseau ou l’ex-secrétaire d’Etat chargée de l’économie sociale et solidaire Marlène Schiappa ; des sorties contre « le wokisme, le déclin, la fin du monde occidental, la décadence »… La lecture des messages postés ces derniers mois sur X – le nouveau nom donné par son propriétaire, Elon Musk, à Twitter – par Alexandre Mignon, professeur des universités-praticien hospitalier (PU-PH) en anesthésie, invité régulier des plateaux de télévision ou des colonnes de la presse écrite, se révèle édifiante. Et risque de lui coûter cher.
Comme l’a révélé Le Canard enchaîné, mercredi 16 août, cet anesthésiste à la carrière prestigieuse, employé au sein de l’hôpital Bichat, qui dépend de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), fondateur de plusieurs start-up et incidemment frère de l’ancienne directrice de cabinet de Nicolas Sarkozy Emmanuelle Mignon, est sous la menace d’une procédure auprès du conseil de l’ordre des médecins de Paris, à la suite d’une sortie jugée homophobe et de menaces.
Le 31 juillet, il publiait un message dénonçant la perspective d’« ouvrir la PMA [procréation médicalement assistée] à des transsexuels », alors même que l’on « meurt encore de diabète et d’hypertension faute de moyens ». Un jeune médecin lui rétorquait : « On dirait mon grand-oncle qui met des messages réacs sur Facebook. » M. Mignon, piqué au vif, lui envoyait aussitôt un message privé menaçant : « C’est comment ton nom ? Tu bosses où Cocotte ? La sodomie, c’est comme l’impôt, c’est le premier tiers qui fait mal… toi ça te fait plus grand-chose à ce que j’ai compris. » Et d’enchaîner avec un second message privé tout aussi enlevé, assurant qu’il comptait bien retrouver ce praticien anonyme.
« Suspension complètement folle »
La publication de ces échanges privés par le jeune médecin mis en cause a déclenché un tollé à l’encontre du professeur Mignon. Plusieurs instances médicales ont condamné ces propos, parmi lesquels le Collège national des enseignants d’anesthésie et de réanimation. Le conseil départemental de l’ordre des médecins de Paris s’est également saisi de l’affaire et a lancé une enquête interne, de même que la faculté de médecine de Paris. « Ces propos ne sont ni déontologiques ni acceptables et nous étudions les suites à leur donner », confirme au Monde le docteur Jean-Jacques Avrane, président de l’instance.
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