Le tribunal judiciaire de Caen a condamné, jeudi 7 septembre, la réalisatrice Andréa Bescond à une amende et des dommages et intérêts pour diffamation envers un athlète qui avait été placé en garde à vue pour agression sexuelle, a-t-on appris de sources concordantes.
Le 20 décembre 2022, Andréa Bescond avait écrit dans l’un de ses « posts noirs » où elle dénonce sur les réseaux sociaux des violences d’hommes envers des femmes : « Tu es Wilfried Happio. Tu es un athlète professionnel. Tu es en garde à vue car tu es accusé d’agressions sexuelles. On va pouvoir monter le club des athlètes violeurs. »
Pour cette publication, l’autrice de la pièce Les Chatouilles ou la Danse de la colère a été condamnée à une amende de « 2 000 euros avec sursis, 1 500 euros de dommages-intérêts et le remboursement des frais d’avocats », a précisé à l’Agence France-Presse son avocate, Marie Grimaud. Elle a affirmé qu’un appel serait interjeté dans les prochains jours.
L’avocat de M. Happio, Anthony Mottais, s’est dit « satisfait de ce jugement ». « Peu importe la culpabilité de Mme Bescond, il rappelle surtout que la justice ne se rend pas sur les réseaux sociaux par des affirmations péremptoires, en l’occurrence que M. Happio est un violeur alors qu’il n’a jamais été renvoyé devant un tribunal », a-t-il affirmé.
« Leçon de morale »
Mme Grimaud comprend cette décision « non pas comme une culpabilité de diffamation mais une condamnation des “posts noirs” » de sa cliente. Les débats ont « été très orientés sur sa personnalité, ses autres posts, sa vision de la justice, il s’agit d’une leçon de morale sur l’excellence du travail que la justice peut faire », a-t-elle déclaré.
« En tant qu’avocate spécialisée, je suis choquée par le montant des dommages-intérêts de 1 500 euros, c’est habituellement ce qui est accordé comme préjudice moral aux parents d’enfants victimes d’agression sexuelle », a-t-elle ajouté.
La plainte déposée à la fin de juin 2022 par une athlète internationale qui visait Wilfried Happio, spécialiste du 400 m haies et espoir de médaille aux Jeux olympiques de Paris en 2024, a été classée sans suite en juin 2023.
La plaignante dénonçait des attouchements en septembre 2021 à l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (Insep), qui n’avait pas sanctionné M. Happio au terme d’une enquête interne. Celui-ci avait lui-même porté plainte après avoir été frappé au visage le 25 juin 2022 à Caen lors des championnats de France d’athlétisme par le frère de la plaignante.