Le gendarme de l’audiovisuel français, l’Arcom, souhaite que les internautes soient plus sensibilisés à leur impact sur l’environnement lorsqu’ils visionnent des vidéos en ligne. L’autorité recommande plusieurs actions à destination des plateformes de streaming, de vidéo à la demande, de vidéos (YouTube) et de chaines télé.
Lorsque vous visionnez une vidéo sur le Web, vous consommez de l’énergie et vous produisez des émissions de gaz à effet de serre : voilà le message que l’Arcom, l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique, souhaiterait voir relayé par les plateformes qui diffusent du contenu audiovisuel sur le Web. Selon une recommandation publiée ce mercredi 13 septembre au Journal officiel, l’autorité souhaite que les internautes soient globalement mieux « informés de l’impact environnemental de leur consommation de (vidéos) ».
Et qui de mieux que les fournisseurs de ces contenus (télévision, plateformes de vidéos à la demande ou streaming, réseaux sociaux) pour prêcher la bonne parole et rappeler les bonnes pratiques moins énergivores ? Si l’Arcom cible le visionnage de vidéos sur le Web, c’est à raison. Les flux vidéos du streaming et des réseaux sociaux représentent quasiment les deux tiers du trafic internet mondial, selon la société américaine Sandvine citée par l’autorité française. Et selon la troisième édition du référentiel des usages numériques en France, publiée en avril dernier, Netflix atteint quasiment les 20 % (19 %) de la bande passante, suivie de YouTube (11 %).
Afin de mieux informer les consommateurs sur l’impact environnemental de la consommation de contenus audiovisuels et leur donner accès à des solutions, l’Arcom publie une recommandation à destination des services audiovisuels et numériques. @Arcep @ademe
— Arcom (@Arcom_fr) September 13, 2023
Des préconisations et non des obligations
Et si le numérique ne représente que 2,5 % de l’empreinte carbone des Français, ce chiffre pourrait être multiplié par trois en 2050. Pour éviter ce scénario, l’autorité liste un certain nombre de recommandations à destination de ces acteurs qui englobent autant les chaînes télé que les plateformes de streaming (Netflix) ou de vidéos (YouTube ou TikTok). À noter qu’il s’agit de préconisations et non d’obligations, comme le prévoit la loi REEN (réduction de l’empreinte environnementale du numérique) du 15 novembre 2021.
L’Arcom demande ainsi à ces acteurs de mettre en place une campagne de communication annuelle. Elle leur demande surtout de rappeler les bonnes pratiques. Éteindre les télévisions, box internet et décodeurs quand ils ne sont pas utilisés, ou recourir au réseau fixe plutôt que mobile, peuvent permettre de réduire son impact numérique, explique l’autorité.
La mise en place de paramétrages moins énergivores demandée
Le gendarme du numérique préconise également la mise en place de solutions plus respectueuses de l’environnement et moins consommatrices d’énergie. Si l’Arcom ne va pas jusqu’à recommander de moins visionner des vidéos sur le Web, elle recommande de « mettre à disposition des utilisateurs une fonction de type “sobriété énergétique” » accessible seulement « en un ou deux clics », précise cette dernière qui ne donne pas davantage de détails techniques. Les plateformes peuvent aussi recommander un paramétrage qui serait moins énergivore, ce qui inclurait « notamment la qualité de l’image et la désactivation de la lecture automatique de vidéos », souligne l’autorité.
Tous les acteurs proposant des vidéos sur le Web – comme par exemple Netflix, YouTube, Canal+, TikTok ou Prime Video – devront, chaque année, présenter à l’Arcom un bilan de tout ce qu’ils ont fait pour se conformer à cette recommandation. Plus surprenant, l’autorité préconise aussi que ces entreprises travaillent ensemble à la mise en place d’une méthodologie commune de calcul de l’impact audiovisuel des usages audiovisuels.
À noter qu’à l’origine, le texte, une proposition de loi des Sénateurs, était destiné à aller beaucoup plus loin. Il s’agissait alors d’interdire le lancement automatique des vidéos, de limiter les forfaits avec data illimitée et même d’obliger les opérateurs à pratiquer des tarifs en rapport avec la quantité de data consommée. L’initiative aura finalement abouti à des recommandations. Les plateformes et les chaînes télé vont-elles pour autant jouer le jeu ? Réponses dans quelques mois.
Source :
Recommandation de l’Arcom du 26 juillet 2023, publiée le 13 septembre 2023