Stupéfait par la montagne de documents et de frais exigés lors de l’ouverture de son compte bancaire au Brésil en 2011, David Vélez, un entrepreneur colombien, flaire une opportunité. Deux ans plus tard, il lance Nubank, une banque numérique sans frais de gestion.
Depuis, la start-up brésilienne connaît une ascension fulgurante : en seulement dix ans, elle a conquis plus de 80 millions de clients, devenant ainsi la banque numérique la plus populaire du monde en 2021. Elle est devancée depuis par WeBank, filiale du géant chinois Tencent et ses 300 millions de clients.
Le succès de Nubank illustre le dynamisme de la fintech brésilienne : entre 2013 et 2023, selon les données de la plate-forme d’innovation Distrito, près de 1 931 start-up de la finance ont vu le jour dans le pays, désormais leur premier marché en Amérique latine et le huitième plus important au monde. Parmi celles-ci, huit sont des licornes : des sociétés valorisées à plus de 1 milliard de dollars (environ 942 millions d’euros).
« Un écosystème fertile »
Comment expliquer un tel succès ? « Le Brésil possède tous les facteurs pour que les fintech décollent », analyse Ricardo Joshua, PDG de Pismo, une licorne qui se spécialise dans le stockage de données bancaires dans le cloud. Outre « un marché énorme » (216 millions d’habitants) et le « capital humain » du Brésil, il salue les politiques de la Banque centrale : « Elles ont favorisé la construction d’un écosystème fertile pour les start-up de la finance. »
Dès 2013, la Banque centrale a adopté une loi visant à encourager l’entrée de nouveaux concurrents dans le secteur des paiements, alors dominé par cinq banques majeures : Banco do Brasil, Bradesco, Caixa Economica, Itau et Santander. « Cette loi a rendu le marché plus accessible, facile et simple pour les nouveaux entrants », explique David Perez, président de l’association ABFintechs, qui représente plus de 700 fintech au Brésil. « Plus de 300 entreprises ont ainsi surgi en l’espace de quelques années. »
Sept ans plus tard, face à la généralisation des transactions numériques pendant la pandémie, la Banque centrale a lancé PIX, un système de paiement gratuit et instantané pour favoriser l’inclusion financière de la population. « Cela a encouragé la bancarisation massive de commerces et de particuliers », note M. Perez. Selon les données de la Banque centrale, entre février 2020 et décembre 2021, plus de 16,6 millions de personnes ont ouvert un compte dans une institution financière.
18 % de la population ne possède pas de compte bancaire
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