C’était la grande affaire de l’hiver 2022-2023 : face à la production très affaiblie d’électricité d’origine nucléaire du fait des maintenances décalées post-confinement et des problèmes de corrosion rencontrés dans certaines centrales, la France a vécu dans le risque d’un blackout électrique généralisé.
Toute la période pré-hivernale a été consacrée à mettre en place un plan stratégique pour éviter un effondrement du réseau électrique en agrégeant plusieurs mesures : relancer les réacteurs nucléaires au plus vite, appeler à la sobriété énergétique et envisager des coupures électriques régionales ponctuelles.
Malgré le contexte angoissant, les conditions météo très douces et les efforts de réduction de la consommation d’énergie ont permis d’éviter les intenses pics de consommation qui auraient pu mettre à genoux le réseau électrique hexagonal.
Forcer d’office une baisse de puissance via les compteurs Linky
Depuis, la situation s’est largement améliorée, notamment au niveau de la disponibilté du parc nucléaire, et le risque d’un black-out ou même de coupures d’électricité pour l’hiver à venir est peu probable.
Néanmoins, le gouvernement envisage des dispositions spéciales via un projet de décret qui pourrait éviter de déclencher des coupures d’électricité en cas de réseau électrique sous forte tension.
Comment ? En imposant une baisse de puissance temporaire via les compteurs intelligents Linky, explique le journal La Tribune. Avant de passer au stade des coupures d’électricité poinctuelles, il pourrait donc y avoir un stade intermédiaire de baisse forcée de la puissance des compteurs des particuliers pour soulager les pics de consommation.
Un test de faisabilité a été demandé à Enedis qui doit permettre d’abaisser la puissance des compteurs Linky de 6 kVA à 3 kVA, à savoir la puissance nécessaire pour un petit logement et qui limiterait l’usage aux équipements essentiels.
Le compteur Linky, instrument de la mise en oeuvre
La baisse de puissance va être testée sur une zone géographique de 200 000 personnes (qui en seront informées) en une fois et durant plusieurs heures (jusqu’à 4 heures).
Si l’essai est satisfaisant, il pourrait entrer dans l’arsenal de mesures destinées à préserver le réseau électrique national en cas de difficulté, aux côtés de la baisse de tension sur le réseau, de la mise à l’arrêt de certaines activités industrielles énergivores ou de mesures d’augmentation des capacités de production et d’importation d’électricité.
Cela ne préjuge en rien, assure le gouvernement à l’AFP, de la situation de cet hiver qui s’annonce bien plus favorable que l’an dernier (mais il reste à voir si la saison sera très froide ou non).
Il reste que cela ne vas sans doute pas améliorer l’image du compteur Linky, accusé de tous les maux, dont celui d’imposer une surveillance de la consommation d’électricité des foyers…et désormais un moyen de contrainte ?
Car La Tribune précise qu’il n’y aura ni recours ni indemnisation possible de la part de l’Etat dans le cadre de cette expérimentation dont le décret d’application couvrirait la période jusqu’au 31 mars 2024.
Le projet de décret doit être soumis à avis (consultatif) du Conseil supérieur de l’Energie le 26 octobre prochain.