L’espace proche de la Terre pourrait devenir à court terme une nouvelle zone d’affrontement entre nations. De multiples satelllites y évoluent pour des besoins civils et militaires et les doctrines des armées sont en train de s’adapter à cette nouvelle donne.
Les prochains conflits pourraient déclencher des manoeuvres offensives ou défensives pour neutraliser des satellites ennemis ou désactiver des réseaux de communication.
Les essais de missiles anti-satellites ASAT font l’objet de régulations pour limiter la prolifération de débris (mais tous les pays n’y adhèrent pas) mais il existe de multiples moyens d’espionner ou d’influer sur d’autres satellites en fonctionnement.
Quand les satellites russes flirtent avec les satellites européens
Début octobre, le mouvement suspect d’un satellite russe Luch Olymp K2 à proximité de satellites de communication Eutelsat européens a relancé les craintes de piratages ou de perturbations.
Le satellite Luch Olymp est venu se positionner à une distance anormalement proche d’une soixantaine de kilomètres de plusieurs satellites géostationnaires.
Il est resté à distance suffisante pour ne pas mettre en péril le fonctionnement des satellites mais cette proximité peut malgré tout permettre de compromettre les équipements ou de tenter d’espionner ou brouiller les communications.
Lancé en début d’année, il a été présenté comme un satellite devant servir de relais de communication en orbite géostationnaire mais il apparaît qu’il dispose de fonctionnalités supplémentaires qui pourraient surtout servir à écouter les communications d’autres satellites.
La version précédente Luch / Olymp 1, lancée en 2014, s’était déjà illustrée par des manoeuvres autour de satellites géostationnaires. Le nouveau modèle semble avoir les mêmes ambitions et poursuivre des missions ou opérations similaires.
Une tendance préoccupante
A défaut de savoir ce qui s’est passé, le mouvement du satellite russe n’est pas passé inaperçu et a des précédents, ce qui conduit les armées s’intéresser de plus en plus aux stratégies offensives et défensives spatiales, à l’heure où les mouvements suspects de satellites se multiplient à toutes les altitudes.
Pour la startup Slingshot Aerospace, qui utilise des algorithmes pour prédire et suivre les mouvements anormaux de satellites, le déplacement de Luch Olymp 2, sans mettre en péril ses cibles, pourrait être considéré comme une action agressive.
Le satellite russe s’est approché jusqu’à seulement 16 à 18 kilomètres de distance de ses cibles, restant toutefois hors du périmètre de sécurité de 10 kilomètres considéré comme dangereux et pouvant entraîner des collisions.
Il faut dire que l’espace proche est désormais très riche en satellites divers et aux fonctions multiples. Savoir comment se protéger d’assaillants ou riposter en cas d’agression va devenir de plus en plus stratégique ces prochaines décennies.