Les messages postés sur X (anciennement Twitter) faisant l’objet d’une « note de communauté » (community note), un système de commentaires permettant aux utilisateurs de préciser ou contredire un message trompeur, ne pourront plus générer de revenus pour leurs auteurs, a annoncé le patron de la plate-forme, Elon Musk, dans un message posté dimanche 29 octobre. « L’idée est de maximiser la prime à l’exactitude plutôt qu’au sensationnalisme », assure le multimilliardaire.
Les notes de communauté, auxquelles n’importe quel usager peut participer une fois inscrit, consistent à proposer de courts textes remettant en contexte, corrigeant ou infirmant un message imprécis ou mensonger. Les participants sont appelés à évaluer, selon leur utilité, les différentes notes proposées pour corriger un message, celle ayant recueilli le plus grand consensus y étant alors accolée publiquement.
Désinformation galopante
Ce système est l’un des principaux outils mis en place par Elon Musk pour tenter de lutter contre une désinformation qui, depuis le rachat et les changements radicaux qui l’ont suivi, prospère sur le réseau social. En cause notamment : le licenciement d’une grande partie des équipes de modération et, plus récemment, un système de certification payant qui augmente mécaniquement la visibilité des contenus postés par les utilisateurs ayant souscrit à un abonnement payant. Ce dernier, couplé à la possibilité offerte depuis cet été aux abonnés engendrant le plus de trafic de se voir reverser une part du revenu publicitaire, a entraîné, de fait, une « prime au sensationnalisme », les messages faisant le plus de vues étant susceptibles de rapporter le plus d’argent.
Les notes de communautés, qui ont fait l’objet à la mi-octobre d’une série de mises à jour pour améliorer leur efficacité, visent donc à palier cette dérive. La société s’est félicitée mardi du succès de ce nouvel instrument, mais sa portée reste néanmoins limitée : si la directrice générale de la plate-forme, Linda Yaccarino, a souligné jeudi que plus de 100 000 notes de communauté avaient été publiées dans quarante-quatre pays différents, ce nombre reste finalement très modeste en comparaison de celui des messages postés chaque jour sur la plate-forme.
L’entreprise n’a, par ailleurs et en dépit des promesses répétées de transparence de la part de sa direction, pas publié d’informations précises concernant le profil des utilisateurs participant aux notes de communauté. Un manque d’autant plus notable que, comme Elon Musk le reconnaît lui-même, les notes de communauté peuvent faire l’objet d’instrumentalisations.
Enfin et surtout, comme le remarque le site spécialisé TechCrunch, cette démonétisation des contenus faisant l’objet d’une note de communauté ne concerne que les abonnés payants répondant à certaines conditions (il faut notamment avoir au moins 500 followers). Or, selon les estimations du chercheur indépendant Travis Brown, X compte aujourd’hui moins d’un million d’abonnés payants, ce qui représente moins de 1 % de ses utilisateurs, et tous sont loin de répondre aux critères du programme de rémunération.
Dans l’espoir de développer davantage son vivier d’abonnés payants, la plate-forme a d’ailleurs annoncé vendredi le lancement de différentes formules : Basic, Premium (anciennement « Blue ») et Premium +, respectivement à 3, 8 et 16 dollars par mois (soit 2,80, 7,50 et 15 euros). Le réseau social étudie également un passage au payant pour tous : en Nouvelle-Zélande et aux Philippines, les nouveaux utilisateurs doivent déjà débourser un dollar chaque année pour pouvoir publier des messages.