Reconnu comme l’un des meilleurs VTTAE du marché, le Trail de Moustache s’est renouvelé en 2022. Le fabricant français aurait pu se contenter d’un léger lifting ou d’une mise à jour minimaliste compte tenu de la relative jeunesse de son modèle sorti l’an dernier. Il n’en a rien été. Moustache a souhaité intégrer à son VTT électrique le tout dernier système de Bosch, son nouveau contrôleur et, surtout, son énorme batterie de 750 Wh. Des modifications qui touchent directement à la structure du cadre et qui imposent, a minima, d’en revoir la géométrie. Dès lors, ce qui aurait dû être une évolution en douceur de l’un des best sellers de la marque est devenu une prise de risque majeure. Il n’en fallait pas plus pour susciter notre intérêt. Nous avons donc pris la route du Luberon, de ses singles magiques teintés d’ocre et de ses sous-bois emplis de mystères afin d’avoir un aperçu du nouveau Trail de Moustache.
La journée de roulage au guidon du dernier-né de la marque vosgienne n’est certes pas suffisante pour en tirer des enseignements définitifs, c’est la raison pour laquelle, plutôt qu’un test classique, nous vous proposons une prise en main approfondie du Moustache Trail, l’un des VTTAE les plus prometteurs de l’année.
Dernière précision, le Trail est souvent associé au Game, l’autre VTT électrique de la marque avec lequel il partage une grande partie de ses caractéristiques. Nous avons volontairement choisi de nous intéresser au plus accessible des deux cycles, le Game étant sans doute légèrement plus exigeant en termes de conduite.
Des changements de design subtils mais indispensables
Il faudra être habile pour différencier un Trail 2022 de son prédécesseur l’an dernier. Et pourtant… les changements sont nombreux. Subtils, mais importants. Ils sont principalement la conséquence de l’introduction du nouveau système Bosh et de son énorme batterie de 750 Wh. Cela a contraint Moustache à revoir légèrement la géométrie de son Trail. Quelques millimètres en plus par-ci, quelques-uns en moins par là, il s’agit essentiellement d’ajustements afin de permettre au cadre d’offrir la même dynamique tout en intégrant des composants de tailles et de poids différents.
En conséquence, le design ne change presque pas ou très peu et seul un œil expert saura différencier ce Trail de ces prédécesseurs à la seule vue du cadre. En revanche, dès lors que l’on jette un coup d’œil à l’équipement Bosch embarqué, le doute n’est plus permis.
Bosch Smart System : le gros plus de la version 2022
C’est avec la géométrie la plus grosse nouveauté de cette édition 2022 du Trail. Moustache a décidé d’y intégrer les dernières nouveautés de son équipementier Bosch. L’ajout du Smart System est même la raison essentielle pour laquelle le fabricant d’Épinal a décidé de revoir son VTT.
L’intérêt du nouveau bloc batterie/moteur de Bosch, outre l’augmentation de l’autonomie, c’est qu’il s’accompagne d’une partie applicative particulièrement bien étudiée, le « Smart System ». Sur notre Trail, celle-ci repose à la fois sur une application très complète, mais aussi sur un duo, contrôleur/afficheur tout aussi performant. En effet, contrairement à la version passée, le cycliste dispose d’une nouvelle manette sur la gauche du guidon, la LED Remote. Celle-ci permet de choisir le niveau d’assistance, mais aussi l’affichage de l’écran principal. Particulièrement bien placé, la LED Remote tombe naturellement sous la main et est adoptée très naturellement. Côté écran, c’est la nouvelle version du Kiox 300, son affichage en couleur et ses menus personnalisables qui complètent le duo.
Mais la partie la plus étonnante, nous l’évoquions, se trouve du côté du smartphone. Bosch a complètement revu son application « Flow ». Celle-ci ne se contente plus de localiser le vélo, elle permet également de disposer d’un historique de son utilisation, d’une navigation, et surtout de modes d’assistances personnalisables pour une gestion affinée de l’accompagnement du moteur.
Un équipement qui peut faire varier le prix
Ce n’est pas une surprise, l’équipement mécanique du Trail est un modèle du genre. Celui-ci est bien sûr dépendant du niveau de finition du vélo. C’est principalement le niveau d’équipement qui justifie l’écart de prix entre la version la plus accessible du Trail à 5699 euros, et son pendant premuim à 8199 euros. Néanmoins, même dans la version « d’entrée de gamme », l’utilisateur bénéficie de choix de qualité, à l’image de la fourche RockShox 35 Gold ou de la transmission Shimano XT à 12 vitesses. Enfin, quel que soit le niveau de finition, le VTT dispose de la suspension arrière « Magic Grip Control » fabriquée par Moustache et que nous avions eu le loisir de découvrir lors de l’essai du Speedbike de la marque. Enfin, le Trail est monté sur des roues Moustache équipées en pneus Maxxis Assagai de 29 pouces, soit la référence incontournable du moment. Bien entendu, la partie électrique est identique quel que soit le niveau de finition.
Performances moteur et autonomie : le top du top
Disons-le tout net, la nouvelle motorisation Bosch n’est pas l’argument principal du Trail de Moustache. Cela n’enlève rien à la qualité du moteur Performance Line CX, toujours la référence de sa catégorie. Disons simplement que les évolutions techniques apportées par l’accessoiriste cette année sont assez minces. Le couple plafonne toujours à 85 Nm, ce qui est suffisant en toute circonstance et les modes de conduite toujours aussi bien pensés. Pour notre part, nous avons sans cesse oscillé entre le mode eMTB et le Magic Tour. Le premier est à notre sens le plus naturel des modes de conduite, il s’adapte à la cadence de pédalage du cycliste tout en préservant la batterie. Le second est un mode développé par Moustache qui fonctionne sur les mêmes bases, mais qui se veut légèrement plus doux.
En revanche, là où Bosch semble avoir progressé, c’est sur le mode roue libre, c’est-à-dire les moments où le moteur n’est pas sollicité, là où le vélo fonctionne sur son inertie. Même si une résistance est toujours perceptible (le moteur ne se coupe jamais complètement), les sensations sont sans commune mesure avec les moteurs des précédentes générations. L’autre avantage, c’est qu’il devient également plus aisé de dépasser les 25 km/h une fois que le moteur a cessé de faire son œuvre.
Si les performances du moteur Bosch ne justifient pas nécessairement qu’on revende la version 2021 du Trail, il en va peut-être autrement de l’autonomie. Le principal argument de cette nouvelle version du VTT All-Mountain de Moustache, c’est d’avoir réussi à intégrer la plus grande batterie du catalogue Bosch, un bloc imposant de 750 Wh (contre 625 Wh auparavant). Il nous est difficile de nous prononcer sur le gain réel en autonomie. À titre d’exemple, soulignons que lors de notre balade d’une trentaine de kilomètres dans les environs relativement escarpés de Roussillon, nous n’avons consommé « que » 32% de la batterie disponible, ce qui laisse présager de quelques belles sorties au guidon de ce Trail.
Qualité de conduite : la suspension magique
Le risque avec un VTTAE à près de 6000 euros, particulièrement bien équipé qui plus est, c’est de faire face à un modèle trop élitiste nécessitant expérience et savoir-faire pour offrir un quelconque intérêt. Le Trail de Moustache n’est pas de cette trempe-là. Aussitôt enfourché, il place le cycliste dans une position très naturelle et confortable. Les premiers tours de roues sont étonnants de fluidité. Quant aux premiers obstacles, il s’effacent sans effort. Le guidon de 760 mm, tout à fait en phase avec le segment All-Mountain du vélo, met le pilote en confiance. En résumé, ce que nous redoutions n’a pas eu lieu. Le Moustache Trail s’est, au contraire, avéré être un VTT très simple d’accès pouvant convenir à tout type de pratiquant.
Pour autant, le cousin du Game, nettement plus exigeant, n’en demeure pas moins joueur et surprenant. Accessible et confortable, il peut aussi se révéler dynamique et bondissant dans les descentes tout en restant particulièrement maniable dans les courbes malgré ses roues de 29 pouces. Cet équilibre assez remarquable, Moustache l’obtient grâce à un travail méthodique sur la répartition des masses et une expertise désormais reconnue en matière de suspension. C’est justement sur cet aspect que le Trail nous a le plus surpris. Si la fourche RockShox 35 Gold laissait présager de bons ressentis à l’avant avec son débattement de 100 me, nous étions plus sceptiques quant au comportement du Magic Grip Control, la suspension arrière développée en interne par le fabricant français. Or celle-ci s’est avérée parfaite, non seulement en termes de confort, mais aussi dans le feu de l’action. En montée, sur le D+, elle profite du poids du vélo (25 kg) et du cycliste, pour plaquer la roue au sol. En conséquence, on ne cabre que rarement et seulement sur des portions particulièrement exigeantes. En descente, elle se mue en véritable coussin pour apporter du moelleux, même dans les passages caouillouteux.
En définitive, en matière de pilotage, le Trail est un VTT très polyvalent qui saura mettre le cycliste en confiance quel que soit son niveau. Sa force, c’est assurément cette capacité à offrir dans le même temps une accessibilité étonnante et des performances détonnantes pour les utilisateurs plus exigeants. Et quand bien même ceux-ci auraient quelques doutes, il reste le Game, au profil plus agressif.
Verdict de la prise en main :
La version 2021 du Trail était l’une des stars de l’an dernier, recevant même le prix de VTTAE de l’année de la part de nos confrères de « Vélo Vert ». Son successeur part sur les mêmes bases avec une géométrie légèrement modifiée mais des performances toujours aussi explosives. Surtout, par rapport à l’an dernier, le Trail de Moustache affiche une autonomie nettement supérieure ainsi que l’apport du Bosch smart System et de son application. Son prix (à partir de 5699 euros) ne le met pas à la portée de toutes les bourses, certes, mais Moustache peut se targuer de ne pas avoir augmenté ses tarifs et de rester relativement compétitif face à des concurrents nettement plus chers.