Apple a fait de la confidentialité et du respect de la vie privée des arguments marketing soutenus par des initiatives louables, et d’autres qui interrogent comme le soutien affiché à Google.
Le procès entre le ministère de la Justice américain (DoJ) et Google se poursuit, le premier accusant le second de pratiques anticoncurrentielles pour empêcher d’autres moteurs de recherche de gagner des parts de marché. Au cœur de cette accusation, il y a ce contrat passé entre Apple et Google, qui permet à ce dernier d’être le moteur de recherche par défaut de Safari.
Beaucoup d’argent pour oublier les bonnes dispositions
Ce n’est pas par bonté de cœur qu’Apple « offre » de la sorte ses utilisateurs à la gourmandise de Google, mais bien par appât du gain. En 2021, Google aurait ainsi versé 18 milliards de dollars à la firme à la pomme pour le privilège d’être le moteur de recherche par défaut — soit un quart du chiffre d’affaires annuel de l’activité « services » d’Apple !
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Pourtant, Apple se présente volontiers comme le champion de la protection des données et de la confidentialité : comment concilier cette position de chevalier blanc avec celle de Google ? Le modèle économique de l’entreprise de Mountain View se base sur l’exploitation des données personnelles… Le patron des services d’Apple, Eddy Cue, qui a témoigné durant le procès, s’est justifié en expliquant qu’il n’y avait pas d’autre alternative que Google. Il a tout de même convenu qu’Apple avait une meilleure politique de confidentialité que le moteur de recherche.
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C’est dans ce contexte que le DoJ a publié une présentation provenant d’Eddy Cue, et remontant à 2013. C’est à cette époque que le constructeur informatique a cristallisé cette idée de défense de la vie privée, en prenant comme contre-exemple un certain… Google. Les diapositives contiennent une frise chronologique débutant à 2007, qui recense plusieurs des manquements et des scandales liés à la confidentialité de Microsoft, Facebook, Amazon, Twitter, et Google donc.
Apple liste également ses principales différences avec Google en matière de gestion des données personnelles. La diapositive la plus marquante reste pourtant celle qui affirme : « Android est un dispositif de suivi massif » ! Lors de sa déposition, Eddy Cue s’était offert un tacle envers Android : « Je pense que l’iPhone est un appareil bien meilleur pour protéger sa vie privée ». Ça vient de loin…
Une app Google Search préinstallée dans iOS
Malgré ces belles paroles, Apple n’a jamais cru bon cesser de travailler avec Google, et pour cause au vu des sommes en jeu. Durant ce même procès, on a appris qu’en 2018, Tim Cook avait proposé à son homologue de Google, Sundar Pichai, de connecter encore plus profondément les services des deux entreprises. Le patron du moteur de recherche lui a alors proposé de préinstaller l’application Search dans chaque iPhone.
Une telle intégration aurait permis à Google de multiplier facilement les requêtes des utilisateurs d’iPhone. Ce qui signifie davantage de revenus publicitaires non seulement pour le moteur de recherche, mais aussi pour Apple puisque Google reverse un pourcentage des revenus générés sur l’iPhone.
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Pendant le témoignage de Sundar Pichai, ce dernier a expliqué qu’il essayait de faire en sorte que tout le monde obtienne ce qu’il voulait. « Une des choses qui fonctionne bien sur Android, qui dynamise l’utilisation de Google, c’est l’app Search. J’ai donc proposé [à Tim Cook] de mettre au point une app Search pour iOS, et que nous nous engagions à la soutenir pendant de nombreuses années ».
Mais Apple ne préinstalle pas d’apps tierces dans iOS, uniquement les siennes (les applications YouTube et Maps des premières années de l’iPhone étaient techniquement des apps Apple). Et bien sûr, il n’y a pas eu d’exception pour Google.