Quand Google et Orange plaident pour qu’iMessage, la messagerie d’Apple, devienne interopérable

iMessage


L’Union européenne va-t-elle imposer à Apple de rendre, en Europe, sa messagerie iMessage « interopérable » ? En attendant une décision qui devrait tomber en février prochain, les concurrents d’Apple n’ont pas manqué de faire valoir leur point de vue. Oui, estiment-ils, la messagerie de la firme à la pomme devrait tomber sous cette obligation, pour le plus grand bénéfice des consommateurs… et le leur.

L’occasion était trop belle pour la laisser passer. Selon le Financial Times ce mercredi 8 novembre, plusieurs entreprises dont Google et des opérateurs de télécoms comme Orange, Vodafone, Deutsche Telekom, et Telefónica ont envoyé une lettre à Thierry Breton, le Commissaire européen en charge du Marché intérieur et du Numérique. Leur objectif : expliquer pourquoi iMessage devait être désigné comme un « service essentiel ». Quiconque tombe dans cette catégorie, définie par le « Digital Markets Act » ou DMA, le règlement européen sur les marchés numériques, doit respecter un certain nombre d’obligations, dont le fait pour une messagerie de devenir interopérable. C’est ce qui fait qu’un utilisateur de WhatsApp pourra envoyer un message à un destinataire utilisant Messenger (de Meta) – ces deux plateformes ayant été désignées comme « services essentiels » en septembre dernier.

Et iMessage ? Apple avait plaidé pour ne pas faire partie des messageries visées par le règlement européen – la firme à la pomme ne dépasserait pas le seuil des 45 millions d’utilisateurs actifs mensuels requis, elle ne serait donc pas assez populaire en Europe pour faire partie des heureuses élues. Le 6 septembre dernier, la commission européenne avait expliqué qu’elle se laissait jusqu’au mois de février pour décider si, oui ou non, la messagerie d’Apple devait être soumise au DMA.

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Des fonctions de messagerie enrichies accessibles aux utilisateurs d’iPhone et d’Android

Si l’exécutif tranche pour le oui, Apple devrait accepter une faille dans sa forteresse : iMessage deviendrait interopérable avec les services de messagerie concurrents comme WhatsApp, Signal ou Messenger. Ce qui, selon les auteurs de la lettre citée par nos confrères, serait « bénéfique pour les consommateurs et les entreprises européens ». Dont ils font partie. 

« Il est essentiel que les entreprises puissent atteindre tous leurs clients, en tirant parti de services de communication modernes dotés de fonctions de messagerie enrichies » écrivent-ils. Avec iMessage, seuls les utilisateurs d’iOS peuvent profiter de ces fonctions, comme recevoir des confirmations de lecture, des indicateurs d’écriture de message, ou des images de meilleure qualité. L’utilisateur d’un Android ne reçoit le message envoyé d’un iPhone qu’en SMS traditionnel. En incluant iMessage dans les services essentiels définis par le DMA, la Commission européenne permettrait à tous les consommateurs européens – et pas seulement à ceux qui ont un iPhone – de bénéficier de ces fonctionnalités enrichies, plaident les auteurs de la lettre.

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Un refus de longue date pour Apple

Le DMA tomberait alors à pic pour Google. Le géant du numérique demande depuis longtemps que l’iPhone prenne en charge le RCS (pour « Rich Communication System »), un protocole qui remplace le traditionnel SMS et qui comprend ces fonctionnalités de messagerie enrichies. Ce à quoi se refuse Apple, pour différentes raisons.

Jusqu’à présent, seuls les propriétaires d’iPhone peuvent utiliser iMessage et profiter de ses fonctionnalités. Mais si cette messagerie devient interopérable, les appareils d’Apple pourraient perdre un peu de leur attrait – d’autant qu’on trouve désormais des fonctionnalités enrichies similaires à iMessage sur d’autres messageries, y compris sur Android. Ce qui pourrait, selon certains, amener des utilisateurs à se détourner de la marque à la pomme.

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En parallèle, Google a annoncé en juillet que la société intégrerait la nouvelle norme interopérable de communication chiffrée de bout en bout : la spécification Message Layer Security (MLS) de l’Internet Engineering Task Force. Contactés par nos confrères, ni Apple, ni la Commission n’ont souhaité commenter cette affaire.

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Source :

Financial Times



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