Il y a un an, Changpeng Zhao avait donné le coup de grâce à son rival Sam Bankman-Fried en retirant ses fonds de FTX, une plate-forme de cryptodevises, et précipité sa faillite frauduleuse. Ce mardi 21 novembre, le patron de Binance, principale plate-forme d’échange de cryptos avec plus de la moitié du marché mondial, est tombé à son tour. Changpeng Zhao a plaidé coupable devant un tribunal fédéral de Seattle pour avoir violé les lois antiblanchiment américaines et le Bank Secrecy Act.
L’entrepreneur sino-canadien de 46 ans, connu sous le nom de CZ, a démissionné de ses fonctions et va payer une amende pénale de 50 millions de dollars (45,7 millions d’euros). Le gouvernement fédéral a demandé une peine de dix-huit mois de prison contre M. Zhao – qui encourt en théorie une condamnation de dix ans. Celle-ci ne sera pas prononcée avant six mois.
« Le message ici doit être clair », a déclaré le procureur général Merrick Garland dans une conférence de presse en compagnie de la secrétaire au Trésor Janet Yellen. « Utiliser les nouvelles technologies pour enfreindre la loi ne fait pas de vous un disrupteur, cela fait de vous un criminel. » L’entreprise Binance a elle aussi plaidé coupable et va payer des amendes dont le total devrait atteindre 4,3 milliards de dollars (3,9 milliards d’euros). La sanction approche celle infligée en 2020 à Goldman Sachs dans la faillite frauduleuse en Malaisie de 1MDB, mais reste inférieure à celle payée par BNP Paribas en 2014 pour viol des embargos américains sur l’Iran et le Soudan.
Pied de nez
M. Zhao, qui avait fondé son entreprise en 2017, devrait pouvoir rester majoritaire de son entreprise et ne pourra la diriger de nouveau qu’à l’issue d’une période probatoire de trois ans. « Aujourd’hui, j’ai démissionné de mon poste de PDG de Binance. Je sais que c’est la bonne chose à faire. J’ai fait des erreurs et je dois en assumer la responsabilité », a déclaré M. Zhao sur X à ses 8,7 millions d’abonnés. « Je suis fier de souligner que notre accord avec les différentes autorités américaines n’allègue pas que Binance ait détourné des fonds de ses clients ni qu’elle se soit livrée à une quelconque manipulation de marché. » Une sorte de pied de nez à son rival de FTX Sam Bankman-Fried.
Certes, mais les griefs sont lourds. Binance est accusé de ne pas avoir eu de programme de prévention du blanchiment et de lutte contre le terrorisme. La firme est accusée de pas avoir empêché des ressortissants de pays sous sanction comme l’Iran, Cuba et la Syrie d’utiliser sa plate-forme. Le procureur Garland accuse la plate-forme d’avoir permis 900 millions de dollars de transactions avec l’Iran et d’avoir facilité des échanges avec la Syrie et les régions de l’Ukraine occupées par la Russie.
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