La rivalité entre les milliardaires Elon Musk et Jeff Bezos s’exprime aussi dans leurs projets spatiaux, avec SpaceX d’un côté et Blue Origin de l’autre. Les deux entreprises sont positionnées sur des projets similaires (lanceur léger, lanceur lourd, participation aux missions lunaires puis martiennes…) et tout est bon pour mettre en valeur les technologies de chacun.
Pendant que SpaceX tente de faire atteindre l’orbite terrestre son vaisseau spatial Starship qui doit jouer un rôle dans l’établissement d’une colonie humaine sur Mars, la NASA a validé une mission qui va permettre à Blue Origin de donner une saveur particulière au premier tir de son lanceur lourd New Glenn : destination Mars !
Une vraie mission lointaine pour le premier vol de New Glenn
New Glenn se rapproche du lanceur lourd Falcon Heavy de SpaceX, déjà en service depuis plusieurs années, et propose comme lui un premier étage réutilisable. Son développement est en cours depuis plusieurs années et sa première mission est donc très attendue.
Et si le premier tir de Falcon Heavy avait connu un très fort impact médiatique en envoyant dans l’espace une Tesla Roadstar avec à son bord Starman, donnant de superbes images avec la Terre en fond, New Glenn profitera d’une mission pionnière.
Elle sera le support d’une mission ESCAPADE (Escape and Plasma Acceleration and Dynamics Explorers) visant à placer en orbite deux petits satellites scientifiques. Mais pas n’importelle orbite puisqu’ils seront relâchés à proximité de la planète Mars pour en mesurer l’effet du rayonnement solaire ionisant sur la haute atmosphère de la planète rouge.
Une fenêtre resserrée, des préparatifs à faire très rapidement
La mission est d’ordre secondaire et d’un coût modéré, de l’ordre de 79 millions de dollars, mais elle constitue un excellent galop d’essai et un véritable objectif pour le lanceur lourd New Glenn sans risquer de perdre une trop précieuse charge utile pour son premier vol.
Il faudra toutefois aller vite, la fenêtre d’opportunité étant fixée à août 2024. Blue Origin doit encore assembler son lanceur lourd de 98 mètres de haut et 7 mètres de diamètre, capable de placer en orbite 45 tonnes de charge utile, et procéder aux préparatifs indispensables avant le tir, ce qui ne laisse que neuf mois pour tout mettre en place.
Si la fenêtre de tir est manquée, il faudra alors attendre 2026 pour reprogrammer la mission Escapade. Le lanceur lourd New Glenn a lui-même quatre années de retard sur son déploiement et cette mission est donc une opportunité pour en montrer les mérites. Il reste toutefois une probabilité non négligeable d’échec.