Marque de l’engouement pour cette thématique d’investissement, l’indice boursier CTA Artificial Intelligence, composé de valeurs liées à l’intelligence artificielle (IA) et coté sur la Bourse américaine du Nasdaq, a progressé de plus de 30 % depuis le 1er janvier, incitant nombre de sociétés de gestion à lancer des fonds et des ETF (« exchange traded funds », des fonds indiciels, qui répliquent des indices boursiers) spécialisés sur cette activité.
Cet attrait s’explique surtout par les perspectives de croissance du secteur : les dépenses liées à cette nouvelle technologie devraient atteindre 1 300 milliards de dollars (environ 1 190 milliards d’euros) d’ici à 2032, selon Bloomberg Intelligence, soit un taux de croissance annuelle moyenne de 42 %.
Mais les gagnants de l’IA ne se limitent pas aux sociétés qui fournissent cette technologie universelle ou en facilitent l’accès aux utilisateurs, à l’image de Microsoft, actionnaire de référence de la société OpenAI, à l’origine de la création de Chat-GPT. De nombreuses entreprises utilisent aussi l’outil pour améliorer les produits et services qu’elles proposent à leurs clients.
C’est le cas dans les domaines de la robotique, de la cybersécurité, de l’éducation, de la finance, de l’industrie de la mode, de la santé, etc. « C’est notamment grâce à l’IA que des vaccins efficaces contre le coronavirus ont été mis au point en un temps record », souligne Rolando Grandi, gérant du fonds Echiquier Artificial Intelligence chez La Financière de l’Echiquier. A ses yeux, « l’IA pourrait avoir un impact dans notre vie quotidienne encore plus fort que l’arrivée d’Internet dans les années 2000 ».
En dépit de l’engouement actuel des investisseurs, la valorisation des valeurs du secteur ne serait pas excessive au vu de leurs perspectives de profit dans les années à venir, jugent les spécialistes interrogés.
Menaces sur le marché du travail
Du reste, les investissements réalisés sur les sociétés cotées en Bourse se sont principalement concentrés sur un nombre restreint de valeurs, notamment les sociétés technologiques américaines, qui ont largement intégré l’IA dans leur stratégie de développement. Parmi elles, on peut citer « Apple, Microsoft, Alphabet [maison mère de Google], Tesla, Amazon, Nvidia ou encore Meta », indique Jacques-Aurélien Marcireau, gérant chez Edmond de Rothschild Asset Management.
L’intelligence artificielle suscite néanmoins des interrogations, notamment au regard des critères extrafinanciers dits ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance), de plus en plus utilisés dans les processus de sélection de titres des investisseurs. En effet, d’un point de vue social, la menace que représente l’IA sur le marché du travail pose question, elle pourrait engendrer la suppression de nombreux métiers. « Cette technologie va permettre d’accroître l’expertise de la main-d’œuvre de demain en lui permettant de se concentrer sur les tâches à plus forte valeur ajoutée », tempère M. Marcireau.
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