Envoyer de l’argent à son enfant, verser un acompte à un plombier pour qu’il programme son intervention, dépanner un ami : dix secondes suffisent pour transférer de l’argent avec un virement instantané. L’opération peut être réalisée à tout moment, indépendamment des horaires d’ouverture de sa banque, et est irrévocable.
Le bénéficiaire recevant les fonds immédiatement, il peut lui-même en disposer sans délai, tandis que les virements classiques sont exécutés jusqu’à un jour ouvrable après la réception de l’ordre de virement par la banque. Il n’est ainsi plus nécessaire de penser à vérifier sur son application bancaire si l’argent a bien été envoyé, ou de demander au bénéficiaire s’il a reçu les fonds.
Seule ombre au tableau, l’opération est le plus souvent facturée. Elle coûte 0,80 euro chez SG et 1 euro au Crédit agricole Ile-de-France, CIC, Crédit mutuel Ile-de-France ou encore chez LCL. BNP Paribas la facture 1 euro pour les clients n’ayant pas souscrit le package (offre de produits et services groupés) Esprit libre.
Toutefois, « les virements instantanés sont gratuits à La Banque postale et dans de nombreuses Banques populaires et Caisses d’épargne, dans la limite de 300 euros », précise Adeline Moisiard, directrice marketing de Panorabanques. Les banques en ligne non plus ne facturent généralement pas les virements instantanés, à l’exception d’Hello Bank (1 euro pour les détenteurs de l’offre gratuite Hello One), Nickel (0,50 euro) et N26 (0,99 euro pour l’offre gratuite Standard).
Bientôt la norme
La situation devrait cependant évoluer sous l’impulsion de l’Union européenne. En octobre 2022, la Commission a en effet lancé une proposition législative pour généraliser l’usage du virement instantané. Un nouveau pas a été franchi début novembre 2023 avec un accord sur le sujet entre le Conseil et le Parlement européen.
« C’est une bonne nouvelle pour le consommateur. A terme, les virements instantanés vont devenir la norme et devront être au même prix que les virements classiques », détaille Magali Van Bulck, directrice des affaires publiques du spécialiste des paiements internationaux Wise. Les réseaux devront donc proposer ce service gratuitement, comme c’est le cas pour les virements classiques réalisés en ligne par le client (ceux effectués en agence sont généralement facturés).
« Le texte devrait entrer en vigueur d’ici à douze à dix-huit mois, le temps que le processus législatif aille à son terme », précise Jeremy Moulet, responsable des paiements de LCL. Cela devrait doper l’usage des virements instantanés, qui ne représentaient en 2022 que 3,8 % du nombre total de virements, selon l’Observatoire de la sécurité des moyens de paiement. « Dans les pays où les virements instantanés sont généralisés, comme la Chine ou l’Inde, ils sont devenus le mode de paiement dominant pour les petites dépenses de la vie courante. La France devrait suivre cette tendance », estime Julien Maldonato, associé chez Deloitte.
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