C’était il y a exactement un an. Alex et Paul s’étaient hissés sur le toit du casino de Los Santos en comptant à l’unisson. « 10, 9, 8… » La tête inclinée vers le ciel et la vue brouillée par les flocons, ils avaient patienté. « 7, 6, 5… » Encore quelques secondes avant de passer à l’action. « 4, 3, 2… » Soudain, sortant de nulle part, deux imposants canons, ils les avaient braqués vers la ville – « 1… »… La déflagration immédiate et le sifflement des feux d’artifice avaient alors couvert le « Bonne année ! » lancé à l’unisson.
Sauf que les deux garçons n’étaient pas vraiment l’un à côté de l’autre. Eloignés par les quelque 600 kilomètres qui séparent Montélimar de Villejuif, leurs villes respectives, c’est à travers leur écran et leur micro qu’ils ont vécu ces effusions de la Saint-Sylvestre, dans l’univers fictif de Grand Theft Auto (GTA) Online, développé par Rockstar Games.
Paul et Alex sont loin d’être les seuls adeptes de jeux vidéo à s’adonner à ce type de rituel à l’occasion du Nouvel An. Cette année encore, alors que certains opteront pour une salle des fêtes, l’appartement d’un ami ou les Champs-Elysées, des milliers de joueurs, eux, se sont donné rendez-vous dans les mondes fantastiques de Fortnite, World of Warcraft (WoW) ou encore League of Legends (LoL) afin de célébrer, à leur manière, les premiers instants de 2024.
A chacun sa tradition
Agnès est de ceux-là. Bien que la Saint-Sylvestre soit pour elle « une soirée comme les autres », elle entend bien marquer le coup cette année. « Tous mes amis dans la vraie vie sont loin mais, avec les jeux vidéo, on peut quand même interagir », confie au Monde cette technicienne de surface vivant en Savoie. L’an passé, la joueuse de 31 ans a convié plusieurs connaissances à un événement à l’intérieur d’ARK, un monde virtuel peuplé de dinosaures. « On y a fait plein de petites activités : un concours de dessin, un cache-cache, une course d’orientation, une bataille navale et un décompte aux dix dernières secondes. »
Nombre de ces célébrations vidéoludiques reprennent en effet les codes festifs du réel : le traditionnel compte à rebours de fin d’année, la danse, les feux d’artifice… Un cocktail que l’on retrouve notamment dans les deux mastodontes du jeu vidéo World of Warcraft et Fortnite. Dans le premier, Mark, un Britannique d’une cinquantaine d’années, a tiré avec d’autres joueurs des dizaines de fusées lumineuses, au fil des réveillons du Nouvel An qu’il a passés en ligne, créant ainsi d’innombrables souvenirs. « Souvent, on s’amuse à regarder les gens [du monde entier] crier “Bonne année !” dans le tchat au moment du changement de fuseau horaire », raconte-t-il.
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