Un incroyable retournement de situation vient de secouer le Bitcoin. Alors que le marché des cryptomonnaies attendait fébrilement l’approbation des premiers ETF Bitcoin, le compte X de la Securities and Exchange Commission (SEC) a été piraté. Le hacker s’est servi du compte pour faire une fausse joie aux investisseurs. Une négligence en matière de sécurité est à l’origine du piratage.
Depuis des mois, le marché crypto attend avec impatience l’approbation d’un premier ETF Bitcoin au comptant aux États-Unis. La plupart des observateurs estiment que l’arrivée d’un fonds d’investissement négocié en bourse lié au Bitcoin va s’accompagner d’une explosion du cours de la cryptomonnaie. Les experts s’attendent en effet à ce que de nombreux investisseurs institutionnels placent de l’argent dans le Bitcoin par le biais des ETF, ce qui ferait gonfler son prix. Une myriade de géants de la finance, comme Grayscale, BlackRock ou 21Shares & Ark Invest, a d’ailleurs déposé une demande pour un ETF Bitcoin l’an dernier. Jusqu’ici, la Securities and Exchange Commission (SEC), l’organisme fédéral américain de réglementation et de contrôle des marchés financiers, n’a pas encore rendu son verdict.
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Manipulation de marché et SIM Swap
Ce mardi 9 janvier 2024, le compte X officiel de la SEC a finalement annoncé l’approbation de l’intégralité des demandes d’ETF. Selon le tweet, toutes les demandes enregistrées par l’organisme ont été approuvées. Le message s’accompagne d’une citation de Gary Gensler, le président de la SEC. Sans grande surprise, l’annonce a fait grimper le cours du Bitcoin. La doyenne des cryptomonnaies s’est envolée aux portes des 48 000 dollars tandis que l’euphorie s’emparait du marché. Enhardis par le communiqué du régulateur, de nombreux investisseurs ont acheté du Bitcoin pour profiter d’une éventuelle hausse.
Malheureusement, la SEC a rapidement démenti la nouvelle. Moins d’une demi-heure après le tweet, Gary Gensler a pris la parole pour annoncer le piratage du compte X de l’agence fédérale. Le responsable indique que « le compte Twitter @SECGov a été compromis et un tweet non autorisé a été publié ». À ce stade, « la SEC n’a pas approuvé la cotation et la négociation de produits négociés en bourse au comptant Bitcoin », précise Gensler. En marge du démenti, le cours du Bitcoin s’est rétracté autour des 45 000 dollars.
Apparemment, un hacker inconnu est parvenu à prendre le contrôle du compte de la SEC. Peu avant la fausse approbation, le pirate s’était servi du compte pour publier le hashtag Bitcoin. Il s’agit vraisemblablement d’une tentative de manipulation du marché. En anticipant la réaction des investisseurs, l’attaquant a théoriquement pu générer un beau pactole.
Peu après l’annonce de Gensler, X a confirmé l’existence d’une attaque informatique à l’encontre de la SEC. D’après l’enquête préliminaire menée par le réseau social, le régulateur financier américain a été victime d’une attaque SIM Swap, aussi connue sous le nom de SIM jacking. Le pirate a « obtenu le contrôle d’un numéro de téléphone associé au compte @SECGov par l’intermédiaire d’un tiers », indique X. Avec ce numéro de téléphone, il a pu se connecter au compte. Pour mémoire, une attaque SIM Swap est déjà à l’origine du hack du compte de Vitalik Buterin, cofondateur d’Ethereum, en septembre dernier.
La négligence de la SEC
Toujours selon la plateforme d’Elon Musk, la Securities and Exchange Commission n’a pas activé l’authentification à deux facteurs. Cette couche de sécurité supplémentaire consiste à réclamer un mot de passe, mais aussi une deuxième vérification. En l’occurrence, la SEC aurait pu configurer une adresse mail pour recevoir un code ou même une clé de sécurité physique. Il aurait ainsi fallu que le pirate prenne le contrôle du compte mail ou qu’il s’empare de la clé physique pour pouvoir boucler l’attaque.
Le hack a provoqué une vague de critiques à l’encontre de l’organisme fédéral. De nombreuses personnes ont pointé du doigt la négligence du régulateur, toujours prompt à dispenser des conseils en matière de cybersécurité aux utilisateurs de cryptomonnaies. C’est le cas de Bill Hagerty, sénateur du Tennessee, qui déclare que le Congrès des États-Unis a « besoin de réponses sur ce qui vient de se passer ». Cynthia Lummis, sénatrice du Wyoming et fervente défenseuse du Bitcoin, a également réagi en réclamant la « transparence » du régulateur sur les tenants et aboutissants de l’attaque. « Les annonces frauduleuses, comme celle faite sur les réseaux sociaux de la SEC, peuvent manipuler les marchés », rappelle la sénatrice républicaine.
La SEC s’est rapidement engagée à mener une enquête afin de comprendre ce qui a pu conduire au piratage. D’après Bloomberg, l’affaire ne remet néanmoins pas en cause l’arrivée des ETF Bitcoin. Les experts ETF du média s’attendent toujours à ce que la SEC annonce l’approbation de plusieurs fonds indiciels ce mercredi 10 janvier 2024. Il s’agit en effet de la date limite fixée pour que la SEC statue sur la demande d’ETF ARK/21 Shares. Pour Simon Peters, analyste de marchés chez eToro, « si cette demande est approuvée, il est probable que les autres demandes recevront également le feu vert ».
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